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Difficile de suivre le fil du coton bio

Coton bio: Nike ne tient pas ses promesses en matière écologique. Des observateurs dénoncent les incohérences de l'équipementier sportif sur un marché peu transparent. Mais la demande explose.

18 oct. 2008, 07:48

C'est dans les salles de conférences d'un très luxueux hôtel de Porto, au Portugal, que s'est déroulée cette semaine une réunion internationale entièrement consacrée à la promotion du coton bio. Initiateur de ce sommet: Organic Exchange, plate-forme internationale dédiée à la promotion de l'agriculture biologique. Et, plus particulièrement, du coton fibre produit sans intrants toxiques ni pesticides, ravageurs pour l'environnement.

En moins de dix ans, ce nouveau marché a en effet connu un essor spectaculaire, se félicitent les organisateurs. Notamment en raison des approvisionnements massifs d'équipementiers sportifs (comme Nike), de leaders américains de la confection (Patagonia) ou de la distribution (Sam's Club, Wal-Mart), etc. Des acteurs européens (la société allemande Otto) et suisses (Coop) sont aussi de la partie.

«La demande en produits issus du coton bio a explosé, passant de 24 millions de dollars en 2001 à plus de 580 millions à la fin 2005, et le marché est estimé à 2,6 milliards pour 2008», explique l'organisation de coopération néerlandaise ICCO, qui a développé plusieurs programmes de promotion du coton biologique dans les pays du Sud, par exemple au Burkina Faso en collaboration avec la Direction suisse du développement et de la coopération (DDC).

Essuyant une pluie de critiques en 1996 en raison des conditions d'exploitations indignes dans ses usines de sous-traitance en Asie, le géant Nike avait promis dès 1997 de tout faire pour privilégier l'approvisionnement en coton bio. Objectif déclaré: l'introduire à hauteur de 5,8% dans la confection de ses tee-shirts et autres articles à l'horizon 2002. Une louable intention, qui a contribué à améliorer l'image de l'entreprise. Elle a aussi réjoui les petits producteurs étasuniens de coton bio: Heidi Holt, directeur environnemental de Nike pour la division approvisionnement, avait aussi promis d'établir une «relation soutenue» avec ces derniers.

Nike représente le principal sponsor fondateur d'Organic Exchange - «organisation caritative», selon ses statuts. La multinationale serait aussi le principal acheteur de coton bio «made in USA», et le meilleur client du coton bio produit par la famille Peppers et par la Texas Organic Cotton Marketing Cooperative (TOCMC, premier fournisseur national avec une superficie de plus de 40 000 km2). Mais beaucoup de cultivateurs déchantent.

Dix ans après ses déclarations tonitruantes, Nike peine toujours à franchir le cap des 3% de coton bio dans ses produits textiles. Son engagement, comme celui de Patagonia envers les producteurs locaux, reste aléatoire: pour bien des producteurs, comme en Californie, l'achat n'est pas garanti. «Nous avons vraiment dû les supplier à genoux d'acheter notre récolte cette année», se plaignent les Sanders. «Nike achète beaucoup en Chine», explique à San Francisco Lynda Grose, de l'organisation Sustainable Cotton Project.

De fait, Nike et Patagonia se fournissent en coton bio essentiellement près de leurs usines de confection, c'est-à-dire... en Asie. Problème: il n'y a que peu, voire pas d'informations sur les conditions réelles de production. Les filières d'approvisionnement en coton bio, ainsi que les quantités importées, restent protégées par le secret des affaires.

Pire: les achats de coton OGM (modifié génétiquement) de Nike en Chine, Inde, Afrique du Sud ou aux Etats-Unis seraient bien supérieurs à ceux de coton bio, estiment des experts. /GLA

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