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Une valve cardiaque biocompatible inédite

Novostia développe une valve cardiaque prometteuse qui peut être implantée à vie, sans nécessiter la prise d’anticoagulants.

17 oct. 2018, 15:18
Geoffroy Lapeyre , fils du concepteur de la valve cardiaque LTV, dirige la société Novostia.

Qui sont les finalistes du Prix BCN Innovation? Quel est leur projet, en quoi est-il novateur, quelles en sont les applications? Après avoir présenté Sy&Se hier, nous dressons aujourd’hui le portrait de Novostia SA, une autre société sélectionnée par le jury de six membres, présidé par le professeur Yves Perriard. Demain ce sera au tour du troisième finaliste.

1. Un implant et trois atouts majeurs

Le chirurgien cardiaque français Didier Lapeyre a consacré un quart de siècle à concevoir une valve cardiaque biocompatible qui réunit trois propriétés majeures: elle peut être implantée à vie, ne nécessite pas la prise d’anticoagulants en permanence et ne fait pas de bruit. La valve Lapeyre-Triflo (LTV) est un implant mécanique à trois volets dont la géométrie est proche de celle de la valve cardiaque humaine. «Mon père a imaginé une valve artificielle qui se rapproche le plus possible des valves naturelles», raconte Geoffroy Lapeyre, fils du concepteur. Economiste et entrepreneur, il dirige Novostia SA, la start-up créée pour valider et commercialiser l’innovation paternelle. «Il faut savoir que, depuis des années, on utilise deux types de valves cardiaques, mais elles présentent des inconvénients importants: le modèle mécanique est bruyant (on peut l’entendre chaque fois qu’il se referme) et implique un traitement aux anticoagulants à vie pour éviter les embolies. Quant au second, un modèle biologique, il doit être changé en moyenne tous les dix à douze ans.»

2. Technologies de pointe

La valve LTV est le fruit d’un développement lancé avec des ingénieurs de Dassault Aviation. Protégé par des brevets, son design est validé par une batterie de tests in vitro et sur animaux. Novostia travaille en partenariat avec l’EPFL et s’est entouré d’une équipe d’ingénieurs consultants spécialisés en aérodynamique, biomécanique, dynamique des fluides, ainsi qu’en science des matériaux. La start-up a amorcé une phase de développement pour préparer les essais cliniques qui devraient démarrer dans moins de deux ans. Ceux-ci seront menés conjointement dans plusieurs hôpitaux universitaires européens. «Le professeur Thierry Carrel, directeur de la chirurgie cardiovasculaire de l’hôpital de l’Ile, à Berne, fera partie des principaux instigateurs des essais cliniques», précise Geoffroy Lapeyre. La première série concernera une trentaine de patients, la seconde 200 environ. A l’instar des valves traditionnelles, LTV sera implantée lors d’une opération à cœur ouvert. Elle se déclinera en 5 ou 6 tailles différentes, y compris en version XXS pour les enfants. Novostia espère pouvoir commercialiser l’implant dans moins de cinq ans.

La valve artificielle LTV est un implant mécanique à trois volets. Sa géométrie est proche de celle de la valve cardiaque humaine. MURIEL ANTILLE

3. Réalisé avec un matériau polymère ultraléger

L’innovation de la valve LTV découle du design à trois volets et de l’utilisation d’un matériau polymère qui réunit des avantages en termes de résistance, stabilité et processus de fabrication. Les volets sont montés sur un anneau en titane qui est entouré d’un anneau de suture. «Le matériau polymère utilisé est deux fois plus léger que le carbone», détaille le directeur de la start-up. «Grâce à ce matériau biocompatible et au design unique de la valve, celle-ci peut se fermer de manière physiologique sans créer de chaînes de coagulation ni faire de bruit.» Geoffroy Lapeyre souligne que cette valve constitue aussi un espoir dans les pays émergents où les malades n’ont pas forcément accès aux médicaments anticoagulants et sont souvent des enfants et de jeunes adultes.

4. Sur le site de Microcity

Novostia a été fondée en 2017 à Neuchâtel pour faire aboutir le projet LTV. Elle est hébergée par Neode sur le site de Microcity. «Nous avons choisi de créer la société dans la région neuchâteloise parce que son tissu industriel réunit des compétences sophistiquées en micromécanique», témoigne Geoffroy Lapeyre. La start-up travaille avec des chercheurs de l’EPFL, pour la confirmation du choix des matériaux utilisés, Artorg Center (centre de biomédical-ingénierie de l’Université de Berne) et des sous-traitants suisses. Son conseil d’administration inclut des spécialistes des implants médicaux. L’objectif de Geoffroy Lapeyre, seul salarié pour l’instant, est que son père, 79 ans, puisse voir «sa» valve implantée sur des malades et que ceux-ci puissent enfin bénéficier de cette solution tant attendue. «J’ai grandi avec ce projet, on en parlait souvent à la maison. Quand j’étais petit, je jouais avec des cœurs artificiels!» Cela fait plus de 15 ans que Geoffroy Lapeyre accompagne le projet paternel.

5. Un marché en croissance

Près de 800’000 patients ont été traités chirurgicalement avec des valves cardiaques mécaniques ou biologiques dans le monde en 2017. Selon Novostia, c’est un marché qui pèse trois milliards, en croissance de 12% par an. L’origine des maladies valvulaires peut être congénitale (présente dès la naissance) ou acquise. Cinquante à 80% des rétrécissements aortiques dans les pays occidentaux sont liés au vieillissement. Essentielles au fonctionnement du cœur, les valves s’ouvrent et se referment 36 millions de fois chaque année. Mais elles s’usent, occasionnant une fatigue du muscle cardiaque. Pour certaines indications, il faut remplacer la valve abîmée afin préserver le cœur.

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