L'accord ferait du sidérurgiste russe le premier actionnaire d'Arcelor avec 32% du capital. En échange, Arcelor, numéro un mondial de l'acier par le chiffre d'affaires (32,6 milliards d'euros en 2005), prendrait le contrôle de Severstal et recevrait 1,25 milliard d'euros en numéraire.
Selon Arcelor, qui conservera son nom, cette alliance engendrera «un nouveau leader mondial de l'acier et le groupe le plus profitable de l'industrie sidérurgique», surclassant Mittal tant en termes de chiffre d'affaires que de production.
Mittal Steel a été prompt à réagir, qualifiant cet accord de «combinaison de seconde zone» destinée à manipuler les actionnaires. Selon le groupe néerlando-indien, cette initiative est sans précédent et prive les actionnaires d'un vrai choix sur l'avenir d'Arcelor.
En France, le premier ministre Dominique de Villepin a déclaré ne pas vouloir «s'immiscer» dans ce projet de fusion, qui porte un coup dur à l'offensive de Mittal Steel contre Arcelor. Partisan du «patriotisme économique», il n'a toutefois jamais caché son rejet de l'offre «très inamicale» du géant néerlando-indien.
Le projet de fusion avec Severstal, premier groupe sidérurgique russe, «offre à nos yeux plus de valeurs que l'OPA-OPE de Mittal», explique Guy Dollé, PDG d'Arcelor, dans un entretien à l'hebdomadaire «Investir». Le conseil d'administration d'Arcelor «se réunira sans doute dans une dizaine de jours pour émettre un avis», mais, précise-t-il, «les actionnaires auront le dernier mot, puisqu'ils seront convoqués pour une assemblée générale ordinaire sans doute fin juin, alors que nous n'étions pas obligés de le faire».
Guy Dollé a également assuré sur Europe 1 que ce projet n'aurait aucune «conséquence négative sur l'emploi», notamment en Europe, et que cette «fusion amicale» avec Severstal, discutée depuis trois ans, présentait une «probabilité de réussite très forte». «Nous allons proposer à nos actionnaires cette transaction. J'ai grande confiance dans le fait que la majorité d'entre eux l'accepteront puisqu'elle est très profitable pour eux», a-t-il affirmé.
En vertu de l'accord annoncé hier, Alexeï Mordachov, «actionnaire de référence» de Severstal, apportera également à Arcelor sa participation dans le sidérurgiste italien Lucchini. Agé de 40 ans, il occupe la 64e place des hommes les plus riches de la planète, selon le magazine «Forbes», avec une fortune estimée à 7,6 milliards de dollars.
Mordachov détiendra 32% du nouvel ensemble. Les autres actionnaires, qui posséderont conjointement les 68% restants, pourront se prononcer par un vote sur le projet de fusion le 28 juin.
Sur la base des résultats 2005 des deux sociétés, l'ensemble Arcelor-Severstal sera le premier groupe sidérurgique au monde avec un chiffre d'affaires de 46 milliards d'euros et une production d'acier de 70 millions de tonnes.
L'opération valorise Arcelor à 44 euros par action, alors que le titre était coté jeudi autour de 34 euros. Selon le projet de fusion, les actionnaires bénéficieront d'une distribution en numéraire d'un montant maximum de 7,6 milliards d'euros.
L'opération «devrait être close en juillet 2006, sous réserve de l'obtention des autorisations réglementaires nécessaires», estime le groupe européen dans un communiqué.
Lundi, le PDG de Mittal Steel, Lakshmi Mittal, s'était dit «convaincu» d'obtenir la majorité des actions Arcelor, estimant qu'il n'existait «pas de meilleur rapprochement» que celui qu'il propose. Le 18 mai, Mittal a lancé une offre publique d'achat et d'échange de 21 milliards d'euros sur Arcelor. / ap