Le consommateur peut faire une croix sur la fonction replay gratuite sur sept jours. Certains opérateurs suisses ont commencé à appliquer le nouvel accord de branche signé à la demande des chaînes de télévision pour la période 2021-2027. Salt et Init7 ont ainsi annoncé reporter sur les clients les coûts supplémentaires et les investissements induits par cet accord.

Les chaînes de télévision se plaignent toujours plus de la baisse des recettes publicitaires en raison notamment du replay qui permet de sauter les annonces commerciales. C’est le cas de la SSR qui a vu fondre de plus de 50 millions de francs ses recettes publicitaires entre 2018 et 2020. «Le comportement d’utilisation, qui comprend également l’AdSkipping (ndlr: le zapping des publicités), n’est qu’un facteur parmi d’autres», nuance la porte-parole Lauranne Peman.

Taxe par client en hausse

Cet accord a été conclu dans le cadre de la négociation du tarif commun 12 (GT 12) régissant la télévision en différé en Suisse sur la base de la loi sur le droit d’auteur. Alexander Schmid, directeur général de Swissstream, une des associations de distributeurs, apprécie: «Il représente un compromis permettant à Replay-TV, qui connaît un succès populaire, de perdurer sous sa forme actuelle, tout en tenant compte des exigences des diffuseurs et en permettant également une offre attrayante aux consommateurs.»

Le coût du replay sans publicité obligatoire est ainsi passé de 24 à 84 francs annuels par client.

Lidia Brandalise, du magazine Bon à savoir

A condition d’y mettre le prix. Car les clients devront passer à la caisse. Pour compenser une partie du manque à gagner au niveau publicitaire, les chaînes de télé réclamaient une nouvelle taxe aux fournisseurs de contenus TV. «Le coût du replay sans publicité obligatoire est ainsi passé de 24 à 84 francs annuels par client», précise Lidia Brandalise, du secrétariat de la rédaction du magazine des consommateurs Bon à savoir.

«Sur ces recettes supplémentaires, les sociétés de gestion comme Suissimage ou Swissperform, qui représentent les détenteurs de droits d’auteur sur les films, se taillent la part du lion, avant les télévisions suisses et étrangères. Et au final, ce sont surtout les clients qui vont payer…»

Hausse du coût des abonnements

La Commission arbitrale fédérale pour la gestion de droits d’auteur et de droits voisins a pourtant approuvé ce nouvel accord. «Mais elle n’a pas examiné si une telle envolée des tarifs était bel et bien justifiée», insiste Lidia Brandalise.

Il faudra débourser chez Salt 3.95 francs dès le 1er mai pour conserver l’ancienne fonctionnalité. Sinon, les clients se contenteront des 30 dernières heures gratuites, sans possibilité d’utiliser la fonction d’avance rapide. «Actuellement, le prix facturé à Salt par client et par mois pour 7 jours de replay avec la fonction avance rapide s’élève à 2 francs», explique le porte-parole Angelo Lazzaro. «Ce tarif a connu une hausse de 25% début 2021 qui a été jusqu’à maintenant prise en charge par Salt pour les abonnés existants.» D’autres distributeurs de contenus TV ont compensé la hausse des coûts, en augmentant l’abonnement jusqu’à 7 francs par mois.

Opérateurs pas pressés

Il faut dire que l’application de l’accord de branche est à géométrie variable. Les opérateurs peuvent faire reporter les coûts à leur guise sur les clients. Mais ils ne sont pas pressés de faire le pas, à l’image de Swisscom. «Aucune décision finale n’a été prise», assure le porte-parole Christian Neuhaus. «Nous attendons le bon moment car la situation peut encore évoluer.»

Une manière d’épargner le plus longtemps possible le client? «Il y aura des coûts supplémentaires qui nous seront facturés et la façon dont ils seront répartis sur le client n’est pas définie», réplique-t-il. «Nous pourrions même attendre la fin de l’année.» Pareil pour Sunrise qui ne veut pas s’avancer pour le moment. L’opérateur envisage de proposer différentes offres.

De son côté, Net+ a déjà fait le choix du statu quo jusqu’à la fin 2022. «Nous n’avons pas encore décidé comment nous allons répercuter la taxe supplémentaire engendrée par le replay, soit 2 francs par client et par mois», observe le directeur Frédéric Sudan. A cela s’ajoutent les investissements d’environ un million de francs indispensables pour mettre en place la solution technique du pre-roll pour les publicités, ce message publicitaire vidéo de quelques secondes avant la visualisation du programme gratuit. «Cette solution publicitaire n’étant pas en place, les prix restent les mêmes jusqu’à la fin de l’année», avise le directeur.

Télécoms: plus de 100’000 nouveaux abonnés pour Salt en 2022

Année 2022 bénéfique pour le n°3 de la branche qui a vu affluer les clients dans la téléphonie mobile.