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«Pas de dumping salarial dans l'horlogerie»

La commission tripartite de surveillance du marché du travail voulait vérifier qu'il n'y avait pas de sous-enchère salariale dans l'horlogerie neuchâteloise. Elle n'a rien trouvé. Ou très peu. Elle avait décidé d'enquêter sur le respect des salaires dans l'horlogerie neuchâteloise. La commission tripartite chargée de l'observation du marché du travail (Ctrip) n'a rien eu à en redire. «Il n'y a pas de dumping salarial dans l'horlogerie neuchâteloise», a souligné hier devant la presse Raymond Spira, président de la Ctrip.

04 juil. 2008, 12:00

«Evidemment!», tonne François Matile, président de la Convention patronale des métiers de l'horlogerie. L'an dernier, il s'était irrité du lancement de l'enquête. «C'était surtout parce que cela donnait un fort sentiment de défiance envers le milieu de l'horlogerie. Pourtant, nous avions déjà donné toutes les garanties que la branche respectait les salaires. En l'occurrence, la commission a fait preuve lors de cette enquête d'un activisme admirable», ironise-t-il.

Alors, inutile cette enquête? «Non. D'un côté, nous entendions des rumeurs d'abus et de l'autre, on nous certifiait que tout allait bien. Nous voulions des preuves et nous les avons», rétorque Raymond Spira.

Basée essentiellement sur les chiffres 2002, 2004 et 2006 de l'enquête suisse sur la structure des salaires, l'étude a démontré que le salaire médian dans l'horlogerie neuchâteloise s'élevait en 2006 à 5432 francs bruts par mois. «Ce salaire a augmenté de 8% entre 2004 et 2006, alors que le niveau global des salaires dans le canton n'a progressé que de 3%», souligne la commission dans son rapport final.

Si la semaine dernière, le Conseil d'état communiquait ses propres chiffres selon lesquels les frontaliers sont moins bien payés que les indigènes dans le canton, cette vérité ne devrait semble-t-il pas concerner l'horlogerie. Selon la Ctrip, le salaire médian ne comporte pas d'écart significatif des deux côtés de la frontière.

Reste que si l'on examine les chiffres dans le détail, on constate des disparités selon les niveaux de qualification des gens. Ainsi, dans les postes hautement qualifiés, les travailleurs indigènes sont 14% mieux payés que leurs collègues de France voisine. Chez les moyennement qualifiés, les salaires sont relativement égaux. Et pour les travailleurs non qualifiés, une inégalité de 4% en faveur des indigènes se fait sentir. Quand bien même, la branche se targue généralement de payer ses frontaliers aux mêmes tarifs que les Suisses.

Il en va de même avec les augmentations. «De manière générale, le salaire des travailleurs indigènes a tendance à augmenter, alors que celui des travailleurs frontaliers stagne, voire diminue», relève le rapport.

«Ces écarts s'expliquent par des questions de structures de population. Les frontaliers concernés sont sans doute plus jeunes ou moins anciens dans l'entreprise, ce qui justifie ces différences», relève François Matile. «Cela démontre en tout cas que les frontaliers ne tirent pas les salaires vers le bas comme parfois le prétend la rumeur», ajoute Raymond Spira.

Aussi, la commission a cherché à creuser du côté des entreprises de travail temporaire (sans grand résultat) et auprès d'entreprises horlogères non conventionnées (une extrême minorité) où elle a pu observer quelques cas d'abus notoires.» C'est dans ce domaine-là qu'il y a encore du boulot à faire», relève Pascal Crespin, secrétaire syndical à Unia.

Enfin, et quel que soit le lieu de résidence, le salaire médian des femmes dans la branche horlogère est inférieur de 24% à celui des hommes. Une différence encore plus grande que pour l'ensemble de l'économie. Comme quoi, du progrès reste à faire... / PDL

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