Trois ans après la première grève qui a touché le site de Swissmetal de Reconvilier, Martin Hellweg estime avoir agi de manière trop molle. «Nous aurions résolument dû prendre des mesures énergiques», déclare le patron du groupe métallurgique soleurois.
«Mais je n'aurais pas pu imposer cela au conseil d'administration», nuance dans une interview publiée hier dans la «Basler Zeitung» Martin Hellweg, qui est lui-même membre de l'organe de surveillance présidé par Friedrich Sauerländer. «Naturellement, j'aurais pu menacer de démissionner. Mais je ne voulais pas parier si gros».
Reste que «nous avons fait trop de compromis», critique le patron allemand du groupe sis à Dornach (SO). La restructuration avec l'abandon de la fonderie à Reconvilier était une question de survie pour Swissmetal. Mais en raison de la grève, l'entreprise a dû supprimer près de 100 emplois de plus qu'initialement prévu, selon Martin Hellweg. Après avoir déjà réduit son effectif en 2005, Swissmetal avait biffé 81 emplois au printemps 2006, motivant la mesure par les pertes, en termes de chiffre d'affaires, qu'a occasionnées la grève sur le site du Jura bernois. Depuis l'été passé, le groupe soleurois a supprimé 105 postes supplémentaires.
Une étape décisive dans le conflit du travail a été franchie avec l'acquisition du concurrent allemand Busch-Jaeger, annoncée immédiatement après l'éclatement de la deuxième grève sur le site de Reconvilier. «Avoir réalisé cette reprise en l'espace de deux semaines représente le haut fait de mes 15 ans de carrière», poursuit Martin Hellweg. «Nous pouvions dès lors laisser aller la grève et poursuivre nos affaires avec Busch-Jaeger. Au niveau international, des conflits de ce type sont souvent réglés avec succès en établissant une contre-position.»
Et le patron du groupe soleurois n'estime pas avoir terminé sa mission: l'entreprise doit d'abord retrouver durablement la voie du succès et ensuite une équipe dirigeante pour poursuivre cet objectif. «Cela n'interviendra pas du jour au lendemain. Nous nous trouvons dans la 2e phase de la restructuration», ajoute Martin Hellweg, qui dirige Swissmetal depuis 2004. /ats