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La supervision financière ravive la querelle franco-britannique

Les pays de l'Union européenne ont décidé hier à Bruxelles de créer des autorités de supervision financière pan-européennes afin de tirer les leçons de la récente crise mondiale. Un accord a été trouvé par les ministres européens des finances après plusieurs mois de discussions du fait de fortes réticences britanniques.

03 déc. 2009, 12:17

Apeine désigné, le nouveau commissaire européen chargé de la régulation financière, Michel Barnier, vu au Royaume-Uni comme le porte-drapeau d'une offensive française contre la prééminence de la City, a reçu une mise en garde de Londres. La Grande-Bretagne est prête à défendre bec et ongles ses intérêts. «Londres, qu'on le veuille ou non, est la seule place qui rivalise véritablement avec New York», et «il est dans l'intérêt de toute l'Europe qu'elle puisse prospérer», a plaidé le ministre britannique des Finances Alistair Darling, dans une tribune publiée hier dans le «Times». Il a prévenu Michel Barnier contre les dangers d'une régulation trop lourde, que les Britanniques accusent la France de vouloir mettre en place, au détriment de l'approche plus souple en vigueur dans le monde financier anglo-saxon.

«Nous risquons de perdre des activités au profit d'autres juridictions moins réglementées», s'est plaint Alistair Darling. Cette tribune a été publiée le jour même d'une réunion à Bruxelles des ministres des Finances de l'UE, qui devait aborder la question de la réforme de la régulation. Les tensions franco-britanniques ont été attisées par des propos du président de la République Nicolas Sarkozy, qui ont sonné comme une provocation de l'autre côté de la Manche. Pour les Britanniques, il a jeté de l'huile sur le feu en présentant la nomination de Michel Barnier comme un «triomphe» de la régulation à la française, et en déclarant au journal «Le Monde» que «les Anglais sont les grands perdants de l'affaire».

Ces déclarations ont fait très mauvais effet dans la City, où la désignation de Michel Barnier comme superviseur en chef de la finance est perçue comme un camouflet sans précédent.

«Ce processus de régulation européen est conçu pour éradiquer à jamais l'avantage compétitif chèrement conquis, dont jouissent les marchés financiers britanniques depuis de nombreuses années», a déploré ainsi Howard Wheeldon, stratégiste du cabinet BGC Partners, qualifiant les propos de Nicolas Sarkozy d'«arrogants, déplacés et fort peu diplomatiques».

La presse a elle aussi été prompte à s'offusquer de l'attitude de Paris. Le «Daily Telegraph» a décrit Michel Barnier comme un «béni-oui-oui de Nicolas Sarkozy», tandis que le «Times» a consacré hier une double page à cette affaire, qu'il présentait presque comme un nouvel épisode de la Guerre de Cent ans.

«L'Histoire se répète, avec la nouvelle attaque française contre la City», a titré le journal, comparant «l'antipathie» du président français Nicolas Sarkozy à l'égard de Londres à celle autrefois affichée par le général de Gaulle ou même... Napoléon.

Une des rares voix discordantes a été celle du patron du gendarme des marchés, Adair Turner. Il a mis ces inquiétudes sur le compte de la traditionnelle rivalité franco-britannique, et a appelé à surmonter ces clichés.

«Nous avons été alliés, mais aussi ennemis depuis tellement de siècles (...) que nous avons du mal à sortir des caricatures», a-t-il déclaré dans un entretien à la chaîne d'information France 24, se disant «sûr que Michel Barnier essaierait de mettre au point une régulation qui soit bonne pour toute l'Europe». Face à cette colère grandissante des Britanniques, le président Sarkozy s'est engagé à venir à Londres pour «rassurer la City». /ats-afp

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