L'Opep, qui avait décidé en urgence le week-end dernier de se réunir de manière «consultative», a décidé dans la nuit de jeudi à hier à Doha de frapper plus fort que prévu.
Le marché doutait ouvertement de la détermination du cartel à s'attaquer de front au problème des cours, qui ont cédé un quart de leur valeur depuis les pics atteints cet été.
Les cours du pétrole étaient stables hier à l'ouverture du marché new-yorkais. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en novembre perdait 20 cents à 58,30 dollars vers 16h05.
L'Opep va produire 26,3 millions de barils par jour (mbj) à partir de novembre, contre 27,5 millions mbj maintenant. Les ministres n'avaient jusqu'ici évoqué qu'une baisse de 1 million.
La position actuelle sera «réétudiée» à la prochaine réunion, prévue le 14 décembre à Abuja, au Nigeria. L'Opep ne fait toutefois pas mention de son quota officiel de production, qui reste donc inchangé à 28 millions de barils par jour, niveau auquel il se trouve depuis juillet 2005.
Il n'a pas été réduit depuis avril 2004. Certains pays membres, dont l'Iran, avaient souhaité que la réduction s'applique au quota officiel.
La baisse de production concernera «tous les pays» à l'exception de l'Irak, et sera calculée à partir des chiffres de production réelle de septembre, a indiqué le ministre émirati de l'Energie, Mohammad ben Zaën al-Hameli.
Outre la chute des cours, qui entame leurs revenus, l'Opep assiste avec inquiétude au renflouement des stocks pétroliers des Etats-Unis, premier consommateur mondial, qui coïncide avec un ralentissement de la croissance économique mondiale. Selon elle, il y a déjà trop de pétrole sur le marché.
L'Arabie saoudite supporte la plus grande part de la baisse, avec 380.000 barils par jour, suivie de l'Iran avec 176.000 bj. Reste à savoir si cette décision va suffire à inverser davantage qu'une séance ou deux la tendance baissière des cours et à terrasser le scepticisme des opérateurs de marché.
Le cartel a en effet systématiquement du mal à faire preuve de discipline lorsqu'il doit réduire sa production, en raison de la perte de revenus que cela implique, rappellent les analystes qui s'attendent à ce que plusieurs pays trichent avec leur quota individuel et réduisent moins leur production qu'annoncé.
Si l'effet recherché sur les cours n'est pas obtenu, l'Opep pourrait décider de ne pas s'en tenir à une seule baisse. Certains ministres ont évoqué la possibilité d'une réduction supplémentaire de production lors de la réunion de décembre. /ats-afp