La création de l'entreprise Longines a finalement donné une impulsion pour que la fabrication de montres s'oriente vers la grande échelle et la mécanisation. Patrick Linder s'est donc penché sur un Saint-Imier fort, en 1867, de 88 ateliers d'horlogerie et comptoirs. Cette structure morcelée, fruit du travail traditionnel de l'horloger à son établi, va ensuite se transformer pour intégrer les usines.
Patrick Linder écorche quelques mythes. Comme celui de l'arrivée du train qui aurait favorisé la mutation industrielle. «En fait, c'est plutôt le contraire qui s'est produit», a-t-il expliqué hier. «Puisque les entreprises horlogères de la place, Longines en particulier, ont plutôt investi pour que le chemin de fer parvienne chez elles.»
Toujours est-il que la cité erguélienne et ses alentours, que Patrick Linder érige en district industriel, ont connu une mutation profonde, touche après touche, jusqu'à la fin de la Premier Guerre mondiale. Les horlogers à leur établi ont fait place aux gros ateliers, et la machine est venue accélérer la production. L'horlogerie a ainsi pris son envol dans la région, sans vraiment puiser ses origines dans les activités annexes à l'agriculture. Et même la violence de la conjoncture de l'époque - une crise sévère à la fin du 19e siècle - n'est pas venue interrompre cette transformation économique. Patrick Linder a décidé également de s'arrêter en 1918 car, a-t-il expliqué, «l'analyse des conséquences de la Première Guerre mondiale sur le tissu industriel imérien aurait ouvert un autre champ de recherches».
Tiré à 300 exemplaires et ayant bénéficié de l'appui de Longines, du Conseil du Jura bernois, d'une fondation zurichoise et de la Ville de Saint-Imier, l'ouvrage apporte sa pierre au souvenir de l'arrivée de l'industrie en Erguël. Et, de façon délibérée, sans mettre en avant de grands noms. / PHC