Crise des subprimes aux Etats-Unis et menaces de récession viennent assombrir le ciel bâlois, à l'image des noirs nuages qui, hier, plombaient l'atmosphère au-dessus de la foire en proie aux derniers préparatifs. Le sujet était sur toutes les bouches hier dans les travées du salon qui s'éveillait. Président du comité mondial des exposants du salon, l'indéboulonnable Jacques Duchêne l'a aussi relevé devant la presse. «Nous avons besoin de demeurer lucides et pragmatiques car notre industrie et notre économie pourraient être fragilisées à tout instant, nul n'étant à l'abri d'événements affectant nos projets de développement. La crise des subprimes est loin d'être résolue. Elle va certainement perdurer pendant un laps de temps indéterminé. Elle a déjà des répercussions sur nos économies et va générer des problèmes d'une rare complexité.»
Un avertissement que l'intéressé a très rapidement nuancé. Car les chiffres d'exportation des deux premiers mois de l'année sont plus qu'encourageants. En outre, les difficultés annoncées sur l'économie en Amérique du Nord, qui reste encore le plus grand marché pour l'horlogerie suisse, seront sans doute compensées par les taux de croissance faramineux des marchés émergents. Chine, Russie, Inde ont d'ores et déjà largement fait oublier les récents hoquets étasuniens. «Donc, les Etats-Unis ne sont pas si importants que cela», a souligné François Thiébaud, président du comité des exposants suisses.
Il n'empêche: si l'on ne veut pas prononcer le mot de récession, le tassement conjoncturel annoncé n'est pas craint par la profession. «Au contraire, il serait presque bienvenu», confie un observateur privilégié du monde horloger. En effet, les affaires se développant, les industriels du monde horloger ont dû consentir à d'importants investissements. Et malgré cela, «les délais de productions s'allongent, la main-d'?uvre se raréfie et nous sommes à la merci d'une situation qui peut évoluer dans l'autre sens», a relevé encore Jacques Duchêne, qui immédiatement a tempéré son propos: «Heureusement, nous n'en sommes pas là». Pour sûr, l'heure est avant tout au business! / PDL