Les spécialistes du langage informatique, programmeurs et autres développeurs de jeux anglophones utilisent le terme «easter egg» (oeuf de Pâques) pour désigner toute fonction dissimulée au sein d'un programme. Cela peut-être une animation, un jeu, un gag, un message ou un bruitage.
Exemple sur Google. En cherchant «google gravity», cliquer sur la première adresse proposée. La page «s'écroule» alors sous l'effet de sa masse comme si elle était soumise à l'attraction terrestre. Autre animation en tapant «do a barrel roll» (fais un tonneau): la page effectue une rotation.
Google Maps ne manque pas d'humour non plus. Après avoir cliqué sur la touche «itinéraire» apparaît le message «traversée en jet-ski de l'océan Pacifique» sur la route à suivre pour se rendre du Japon en Chine. Le message indique «traversée en kayak de l'océan Pacifique» lorsqu'est demandé le trajet pour se rendre des Etats- Unis au Japon.
Cette société américaine fait également preuve d'auto-ironie puisqu'en tapant «is google», le moteur de recherche suggère immédiatement «is google making us stupid» (Google nous rend-il stupide). Idem avec «can jesus» et la proposition instantanée «can jesus microwave a burrito» (Jesus peut-il cuire un burrito aux micro- ondes).
Longue tradition
Le plaisir de cacher quelque chose pour que quelqu'un ait la surprise de le découvrir est sans doute aussi ancien que l'humanité. De tout temps aussi, artistes et artisans ont laissé des signes, des symboles à décoder voire des tiroirs secrets.
Les visages plus ou moins flatteurs des commanditaires figurent souvent sur des toiles ou des sculptures. C'est par exemple le cas de Michel-Ange qui a réalisé la fresque du plafond de la Chapelle Sixtine entre 1508 et 1512. Derrière le pape Jules II, il a placé un enfant faisant un geste obscène pour signifier que ce souverain pontife belliqueux n'était pas populaire.
Léonard de Vinci s'amuse aussi de façon différente quelques années auparavant. Sur l'un de ses chefs-d'oeuvre, «La Cène», il a disposé des petits pains sur la table. Certains historiens d'art avancent qu'il les a placés là sciemment, comme des notes sur une portée musicale.
Prénom caché
Plus près de nous, le caricaturiste américain Albert Hirschfeld s'en est fait une spécialité. Dès la naissance de sa fille en 1945, il a caché son prénom, Nina, au moins une fois dans ses dessins. A l'intérieur d'une manche ou dans une coiffure par exemple.
Durant les dernières années de sa vie, il avait pris l'habitude de placer un chiffre à côté de sa signature. Cela signifiait le nombre de fois que le prénom était caché sur le dessin concerné. Le caricaturiste est décédé en 2003.
«S.H.I.T.»
Le cinéma joue régulièrement sur ce registre et réserve quelques surprises pour qui regarde attentivement. Par exemple, chez Disney, des silhouettes de Mickey se dissimulent dans des films d'animation.
Le studio Pixar, spécialisé dans les films en images de synthèse, est coutumier du fait. Dans chacun de ses nouveaux films est caché, entre autres choses, un personnage de la prochaine production.
Autre exemple cinématographique, l'exclamation «Sugar Honey Ice Tea» lancée par le zèbre de Madagascar galopant au ralenti sur une plage. Les initiales donnent «S.H.I.T.».
Femmes nues
L'affiche du long métrage «Le silence des agneaux» (1991) est plus subtile. La tête de mort apparaissant sur le dos du papillon se compose de corps de femme nues. Il s'agit d'une citation d'une photo de Philippe Halsman représentant Salvador Dali.
Les jeux vidéo et les logiciels recèlent quantité d'»oeufs de Pâques». Ceux-ci ne sont pas des virus car ils ne sont pas malicieux, ne contaminent pas le carnet d'adresses et ne se propagent pas. Certains sont accessibles par le clavier, via une combinaison de touches.