Qui, de la démocrate-chrétienne Anne Seydoux-Christe ou de la socialiste Rosalie Beuret Siess, va s’asseoir dans le fauteuil ministériel laissé vacant par Charles Juillard au soir du 9 février prochain?
La question n’est pas anodine. Majoritaire au Gouvernement (3 sièges, soit 2 PDC et 1 libéral-radical), la droite jurassienne compte bien le demeurer. Mais le centre-gauche, représenté par une socialiste et un chrétien-social indépendant, est convaincu qu’une fenêtre s’est ouverte. Et qu’il serait bien de s’y glisser, huit mois avant le renouvellement complet des autorités cantonales.
L’affrontement est indécis. Si l’on s’en tenait à la seule expérience, on dirait qu’Anne Seydoux-Christe part avec une longueur d’avance. Elle vient de rentrer de Berne, où elle a passé douze ans comme conseillère aux Etats. Son métier, son sens de la mesure, le réseau qu’elle a construit comme parlementaire, et cela dans tout le pays, constituent autant d’atouts pour elle. En plus, elle véhicule l’image d’une sociale-libérale qui peut séduire au-delà des rangs du PDC. On se souvient en outre qu’il y a quatre ans, menacée par la candidature d’un certain Pierre Kohler, elle avait fait face. Et ses électeurs lui avaient fait confiance...
Les Ajoulots accepteraient-ils d’être exclus de l’exécutif cantonal?
Mais comment les Jurassiennes et les Jurassiens jugeront-ils ce qui pourrait passer pour un «arrangement entre amis» au sein du parti? Juillard élu à Berne, on place celle qui l’a précédé dans son bureau à Delémont... Et, en cas d’élection de la juriste delémontaine, les Ajoulots accepteraient-ils d’être exclus de l’exécutif cantonal?
Est-ce pour cela que les socialistes lancent dans la bagarre une élue de Porrentruy? Disons plutôt qu’ils considèrent Rosalie Beuret Siess apte à infléchir la politique cantonale vers davantage de justice sociale et d’action en faveur de l’environnement. La candidate à la rose a pour elle le courant vert et jeune qui a aussi soufflé dans le Jura. Elle a surtout le soutien d’un parti devenu numéro 1 dans le Jura – situation quasi unique en Suisse – et de toute la gauche, Verts compris.
Surtout, si elle devait l’emporter, elle préparerait de manière idéale le terrain pour sa famille politique en vue des élections générales d’octobre 2020. Pour autant que la vague rose-verte se reforme. Pas sûr: on mobilise difficilement un électorat jeune juste pour une élection partielle a priori peu enthousiasmante.