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Eclairage: «Croisades contre les ‘Sarrasins’ du Nord»

Des universitaires nous éclairent sur des sujets d’actualité, de société ou de recherche. Aujourd’hui, Loïc Chollet, docteur en histoire médiévale à l’Université de Neuchâtel, évoque les croisades dans le nord-est de l’Europe. Cette période du Moyen Age fait l’objet du livre qu’il publie aux éditions Alphil.

27 nov. 2019, 17:00
Un tableau des croisades de l'époque, qui fait la couverture du livre de l'universitaire Loïc Chollet.

En 1147, le pape Eugène III proclame la croisade contre les païens du sud-est de la Baltique, qui sont parmi les derniers Européens à ne pas avoir été évangélisés. Comme en Terre sainte et dans la Péninsule ibérique, l’on affirme que la chrétienté doit être défendue les armes à la main.

Un ordre religieux et militaire, l’Ordre des Chevaliers teutoniques, s’installe en Prusse, région correspondant à l’actuelle enclave russe de Kaliningrad et au nord-est de la Pologne. Avec l’accord tacite de la Papauté, les Teutoniques invitent des seigneurs de toute l’Europe pour combattre leurs principaux ennemis, les Lituaniens.
 

Après la chute de Saint-Jean d’Acre, reprendre pied au Proche-Orient est impossible.

Les volontaires ne se font pas attendre. Dans le milieu aristocratique, l’on considère qu’un bon chevalier doit partir au loin pour chercher l’aventure et servir Dieu. Or, après la chute de Saint-Jean d’Acre (1291), reprendre pied au Proche-Orient est impossible et les expéditions en Espagne ou en Méditerranée sont relativement rares. Les Lituaniens feront l’affaire! Dans les sources occidentales, ces derniers sont appelés «Sarrasins», un terme qui à la fin du Moyen Age désigne aussi bien les musulmans que les païens.

Pendant tout le 14e siècle, le «voyage de Prusse» est une véritable mode parmi la noblesse. L’Ordre teutonique déploie tout un cérémonial visant à plonger ses hôtes dans un cadre raffiné, rappelant la légendaire cour du roi Arthur. Certains seigneurs se montrent en Prusse accompagnés de ménestrels et font peindre leurs armoiries dans les églises, pour que la postérité garde le souvenir de leur passage. Nombreux sont les poètes, y compris de langue française, à raconter les hauts faits de la guerre contre les «Sarrasins» du Nord.

D’après les sources qui nous sont restées, la principale motivation des participants à la croisade balte est l’honneur: chevaliers et écuyers veulent accroître leur renommée et fréquenter d’autres nobles. Quelques-uns, toutefois, font preuve d’intérêt pour les gens qu’ils vont combattre, essayent de connaître leurs coutumes ou de rencontrer leurs princes.

La Lituanie est évangélisée en 1387 par le prince Jagellon, devenu roi de Pologne. Les Chevaliers teutoniques et leurs hôtes occidentaux sont terrassés à la bataille de Tannenberg, le 10 juillet 1410. Sept ans plus tard, le concile de Constance confie l’évangélisation de la toute dernière province balte païenne à Jagellon. La croisade balte touche à sa fin.

Infos pratiques

«Les Sarrasins du Nord. Une histoire de la croisade balte par la littérature (XIIe-XVe siècles)», Loïc Chollet, éd. Alphil.

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