Il existe maintes manières de commercialiser le vin. L’une d’elles, pour le moins originale, consiste à le vendre alors qu’il est en cours d’élevage. C’est ce que l’on appelle «les primeurs». Cette méthode a été instaurée par les négociants bordelais, avec une motivation: renflouer les caisses afin de financer (par exemple) l’achat de barriques, mais aussi couvrir les frais de stockage des vins.
Ainsi, des journalistes du monde entier, y compris l’auteur de cette chronique, viennent à Bordeaux durant les mois de mars et avril afin de goûter et juger la qualité des vins en cours d’élevage, tandis que les acheteurs passent commande et paient les vins qui leur seront livrés environ 18 mois plus tard.
C’est dans ce même contexte que nous nous sommes rendus à Auvernier, chez la famille Colomb, propriétaire du Domaine Bouvet-Jabloir, afin de goûter un vin en cours d’élevage. Nous avons dégusté le merlot «Grands Terroirs» 2017. Son élevage est long, puisqu’il s’étend sur 24 mois. Il est effectué en barriques, dont 30% sont neuves, les 70% restants ayant déjà servi à l’élevage d’un vin.
L’intensité et la finesse du bouquet de ce merlot sont exceptionnelles. Il est intensément fruité, et l’élevage en barriques lui confère un fort soutien olfactif fruité. Nuances de cassis, de pruneaux et de pralinés, respectivement de fèves de cacao.
En bouche, le vin brille par son aptitude à concilier profondeur, finesse et fraîcheur. Les tannins sont parfaitement intégrés et assurent, communément avec la structure acide, un très bel avenir à ce nectar. Un merlot de caractère, sapide et abouti.
Sa finale est persistante et annonce un cru exceptionnel, de haut niveau, que l’on pourra savourer… une fois qu’il aura été mis en bouteilles!
Prix: 59 francs.
Yves Beck