Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Une association romande offre un toit aux sans-abri pour se relancer dans la vie

L’association romande Toit pour tous vient en aide aux sans-abri. Lancée par une ancienne speakerine de la TSR, elle leur permet de retrouver le plus rapidement possible un logement et une situation stable.

27 avr. 2020, 05:00
20200322_162131

Un divorce ou la perte d’un emploi et c’est le début d’une spirale infernale. De nombreux Romands se retrouvent ainsi du jour au lendemain sans logement. C’est ce qui est arrivé à Marc*, un Genevois qui préfère garder l’anonymat. Une séparation compliquée a poussé ce quadragénaire, père de cinq enfants, à la rue. Malgré des rendez-vous réguliers, les services sociaux ne parviennent pas à lui trouver un logement. Il faut dire que les critères des régies sont parfois difficiles à remplir et les fondations de l’Etat de Genève doivent gérer un important nombre de demandes. Marc* trouve refuge dans des foyers d’urgence.

Le fait de ne pas avoir de logement fixe a fini par affecter mon travail et cela s’est ressenti au niveau vestimentaire notamment.
Marc*, bénéficiaire de Toit pour tous

«Je partageais ma chambre avec des personnes instables ou toxicodépendantes. Il y avait des va-et-vient permanents. C’est difficile de bien dormir dans ces conditions.» Cette solution temporaire aggrave encore un peu plus sa situation. Réceptionniste dans une grande société de nettoyage, il est finalement licencié. «Le fait de ne pas avoir de logement fixe a fini par affecter mon travail et cela s’est ressenti au niveau vestimentaire notamment.» Lassé des abris PC, il choisit de se rabattre sur sa voiture, passant ainsi l’hiver à dormir sur différents parkings de la ville, et prend sa douche tous les matins à la gare ou dans un fitness bon marché.

«On m’obligeait à abandonner mon chien»

«C’est non seulement inhumain, mais il est impossible de retrouver un travail ou un logement dans ces conditions!», se désole Kim Grootscholten. L’ex-speakerine de la Télévision suisse romande – l’actuelle RTS – est donc venue en aide à Marc* via son association Toit pour tous. La Genevoise ne connaît que trop bien le sans-abrisme pour l’avoir elle-même subi. «Je me suis retrouvée soudain mère célibataire, sans droit à l’aide sociale et nulle part où loger, car les foyers pour femmes étaient pleins.» De ces années de galère, elle a tiré l’énergie et la conviction à la base de son association. Cette dernière se charge de reloger temporairement les sans-abri, afin de leur permettre de se relancer rapidement dans la vie, selon le principe du «housing first».

C’était une pression énorme de ne jamais savoir où on allait dormir.
Alejandra, ex-bénéficiaire de Toit pour tous

C’est le cas de Gautier, qui a décroché un contrat de travail et retrouvé un logement fixe en quelques mois. «L’association nous a aidés à retrouver une dignité», souffle le trentenaire originaire du Jura bernois après avoir vécu çà et là avec sa femme Alejandra, le plus souvent chez des amis dans la région genevoise. «C’était une pression énorme de ne jamais savoir où on allait dormir», soupire la jeune femme, qui a quitté le Chili, son pays natal, pour vivre avec son mari. Celui-ci enchaîne les emplois souvent peu ou pas rémunérés pour de grandes manifestations comme Paléo, de quoi l’empêcher d’accéder à un logement. Les services sociaux du canton de Genève proposent alors de loger le couple à l’hôtel, mais Gautier refuse. «Ces chambres ne sont pas adaptées et en plus on m’obligeait à abandonner mon chien!»

Des logements en prêt

Malgré des moyens limités – l’association se rémunère en facturant ses prestations aux services sociaux et compte sur les dons – et à défaut de disposer de son propre parc immobilier, Toit pour tous place les gens comme Gautier et Alejandra dans des appartements temporairement vides, car voués à être démolis ou rénovés à moyen terme. «Mais, il est difficile de convaincre les régies de nous prêter leurs biens, car elles craignent des déprédations.»

Il est difficile de convaincre les régies de nous prêter leurs biens, car elles craignent des déprédations.
Kim Grootscholten, fondatrice de Toit pour tous

Pourtant, le fonctionnement de l’association est très clair. Elle prend à sa charge les frais d’entretien des logements, les charges (eau, chauffage et électricité) ou encore des travaux de remise en état, comme la peinture ou la pose d’une cuisine par exemple. Les appartements sont ensuite rendus à la date voulue par le propriétaire. Quant aux personnes hébergées, elles n’ont pas le statut de locataire, mais sont logées au bénéfice d’une convention d’hébergement d’un mois renouvelable jusqu’à une année au maximum. Durant leur séjour, les bénéficiaires s’engagent à chercher un emploi et entreprendre les démarches pour trouver un habitat fixe. Et le modèle fonctionne, puisqu’en une année, sur 63 personnes qui ont fait appel à Toit pour tous, 90% ont retrouvé un logement.


*Prénom connu de la rédaction

 

Cet article peut être lu dans notre magazine «Votre Habitat» de ce printemps 2020.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias