Plus 6,3% pour les enfants, plus 9% pour les jeunes de 19 à 25 ans et plus 3,6% pour les adultes dès 26 ans... La hausse moyenne des primes 2010 pour l'assurance maladie est carabinée dans le canton de Neuchâtel. Et pourtant... Avec une hausse moyenne totale de l'ordre de 3%, Neuchâtel est tout simplement le canton qui s'en tire le mieux cette année.
Un beau constat, qui ne sert cependant même pas de consolation au Conseil d'Etat, qui a dû inclure 4,5 millions de francs au budget 2010 pour faire face aux subsides Lamal qu'il devra verser aux plus nécessiteux. «Ce n'est pas une paille», image Gisèle Ory. La cheffe du Département de la santé et des affaires sociales (DSAS) ne cache pas son courroux. «Il faut qu'on m'explique...», lâche-t-elle, en comparant les chiffres de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) et ceux en mains du Conseil d'Etat. Sur la base des chiffres du DSAS, le canton de Neuchâtel avait écrit au conseiller fédéral Pascal Couchepin pour contester les propositions d'augmentation de primes formulées par les assureurs maladie. Un exercice qui n'aura servi qu'à raboter un dixième de point (de 3,7 à 3,6%) dans la tranche des adultes. «Nous arrivons à l'amer constat que nous n'avons pas été entendus par Pascal Couchepin», relève Gisèle Ory.
Selon notre ministre de la santé, le canton de Neuchâtel a produit de tels efforts depuis cinq ans dans la restructuration de son système sanitaire que cela aurait dû se voir plus nettement sur la facture des assureurs. «Les coûts de la santé vont baisser de 1,3% en 2010», assure-t-elle. Mais le canton de Neuchâtel continue de rester l'un des moins avantageux de Suisse en termes de primes d'assurance maladie.
Et Gisèle Ory d'enfoncer le clou. «Les réserves du canton de Neuchâtel passeront à 24,6% alors que le minimum légal est de 11,4%» Le malaise est d'autant plus palpable que les assureurs-maladie disposent d'une importante sur-couverture: 70 millions de francs, calcule la conseillère d'Etat, en soupçonnant assureurs et autorités fédérale d'abuser du système des vases communicants pour lisser les différences entre cantons. «Les primes ne correspondent pas aux coûts de la santé. Nous sommes face à un dysfonctionnement», reprend Gisèle Ory, citant l'exemple des moins de 19 ans, dont le coût est inférieur à la moyenne suisse, alors que la prime est supérieure à la moyenne nationale.
En clouant au pilori l'opacité des chiffres de l'OFSP, la conseillère d'Etat dénonce une surévaluation des effectifs (Neuchâtel aurait 190 000 assurés, tandis que sa population se limite à 170 000 âmes) et des coûts ainsi que des bases de données mal évaluées. /STE