Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Moins d'infections à l'hôpital

La lutte contre les infections nosocomiales reste un défi permanent.

14 avr. 2011, 11:20

«Les infections nosocomiales sont en recul en France, grâce aux nombreuses mesures mises en place au cours de dernières années», indique le Dr Bruno Coignard, responsable de l'unité Infections associées aux soins et résistance aux antibiotiques, du département Maladies infectieuses de l'Institut de veille sanitaire. «Il faut continuer ces efforts, notamment pour prévenir l'apparition de bactéries multirésistantes.» Les infections nosocomiales sont des infections acquises pendant un séjour dans un établissement de santé et qui n'étaient ni présentes ni en incubation au moment de l'admission du patient. Ces infections concernent à tout moment un patient hospitalisé sur vingt en France et sont responsables d'environ 4000 décès chaque année. La dernière enquête de prévalence en France, réalisée en 2006, montre une diminution d'environ 10% des infections nosocomiales depuis 2001. Depuis la fin des années 1980, les autorités sanitaires ont mis en place un ensemble de mesures de surveillance et de prévention qui impliquent désormais la très grande majorité des établissements de santé (lire ci-dessous).

Les antibiotiques moins protecteurs

Les germes responsables des infections nosocomiales, le plus souvent des bactéries, proviennent des patients eux-mêmes mais également du personnel de soin, du matériel de soin et des surfaces qui entourent les patients. Ils provoquent en majorité des infections urinaires (30,3%), des infections du site opératoire (14,2%) et des pneumopathies (14%). Les trois bactéries les plus fréquemment responsables des infections nosocomiales en France sont Escherichia coli (25%), Staphylococcus aureus (19%) et Pseudomonas aeruginosa (10%), des bactéries normalement présentes dans l'organisme humain mais qui peuvent parfois déclencher des infections. L'utilisation fréquente d'antibiotiques à l'hôpital favorise le développement de bactéries résistantes à plusieurs antibiotiques contre lesquelles il est plus difficile de lutter et qui représentent la principale menace pour l'avenir (lire ci-dessous).

Les facteurs de risque sont l'âge, le sexe masculin, une maladie sévère, l'immunodépression, un antécédent d'intervention chirurgicale dans les 30 jours et l'exposition à des dispositifs invasifs comme un cathéter vasculaire, une sonde urinaire ou une intubation d'aide respiratoire. C'est la raison pour laquelle les infections nosocomiales sont plus fréquentes dans les services de réanimation où les patients sont fragilisés par leur maladie et plus souvent soumis à ce type d'actes invasifs.

L'apparition d'une infection nosocomiale sans aucun de ces facteurs de risque ne se produit d'ailleurs que pour 1,25% des patients hospitalisés. «Dès qu'on introduit un matériel étranger et plus longtemps on le laisse, plus on augmente le risque qu'il soit colonisé par une bactérie qui peut ensuite déclencher une infection», précise le Pr Jean-Damien Ricard, responsable du service de réanimation médicale de l'hôpital Louis-Mourier à Paris et chercheur à l'Inserm sur l'écologie et l'évolution des micro-organismes.

Les équipes réfléchissent en permanence à de nouvelles façons de réduire ce risque, notamment en limitant le temps d'intubation pour la ventilation ou en désinfectant fréquemment les points d'entrée possibles pour les bactéries.

L'hygiène des mains reste la base des mesures de prévention, et les solutions hydroalcooliques, qui réduisent le temps nécessaire au lavage des mains, ont démontré leur intérêt notamment sur la réduction des infections à S. aureus. «Nous avons même établi des quotas de gel à utiliser, en fonction du nombre théorique de lavages de mains nécessaires pour réduire le risque de manière efficace», souligne le Pr Ricard. Pour certains soins, l'utilisation de gants et de tabliers jetés immédiatement permet d'éviter la diffusion des germes. Lorsqu'une infection nosocomiale est détectée ou suspectée, on peut isoler le patient pour limiter le risque de transmission à d'autres patients, surtout dans le cas d'une infection à bactérie multirésistante.

Les patients peuvent également jouer un rôle dans la prévention des infections nosocomiales en respectant des instructions spécifiques comme se laver les dents avec une attention particulière une semaine avant une intervention chirurgicale, être minutieux pendant la douche antiseptique, ne pas toucher les sondes, cathéters et drains qui ont été posés, toujours se laver les mains après usage des toilettes. Ils peuvent également demander à leurs visiteurs de se laver les mains avant et après leur visite ou encore s'informer, auprès du personnel, sur les mesures de lutte contre les infections nosocomiales prévues dans le service où ils sont admis.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias