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Le sida devient rare en Suisse, mais pas le VIH

Trente ans après la découverte des premiers cas de sida, la maladie a fortement reculé en Suisse, après avoir connu un pic dans les années 1990. Une évolution comme on en voit rarement en médecine, selon un professeur genevois, spécialiste du sujet depuis 1981.

30 mai 2011, 12:26

«En 1985, l'espérance de vie d'une personnes séropositive était en moyenne d'un an, voire deux au maximum. Aujourd'hui, un séropositif a la même espérance de vie que n'importe qui», explique le professeur Bernard Hirschel, chef de l'Unité VIH/Sida aux Hôpitaux universitaire de Genève (HUG).

«On ne meurt plus que très rarement du sida en Suisse», car on  peut prévenir son apparition par le traitement, poursuit le médecin. «Par contre, l'infection par le VIH est toujours fréquente et je ne vois pas de perspective d'éradication en Suisse», relativise-t-il.

Le sida a tué 24 personnes en Suisse l'an passé, selon des chiffres encore provisoires de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP). En 1994, l'année la plus meurtrière, l'OFSP avait recensé 730 décès.
Mais ces chiffres sont à prendre avec des pincettes, explique Jean-Louis Zurcher, porte-parole de l'OFSP, car toutes les personnes qui ont le VIH (virus de l'immunodéficience humaine) ne meurent pas du sida. Par ailleurs, des décès déclarés «sans cause connue»  peuvent en réalité être dus au sida.

Virus indétectable
De nos jours, la thérapie permet de diminuer la présence du VIH dans le corps jusqu'à ce qu'il soit indétectable chez près de 90% des patients, se réjouit Bernard Hirschel. Le risque de transmission diminue ainsi considérablement, permettant à certains séropositifs de devenir parents sans contaminer ni leur partenaire ni leur enfant.

Les premiers traitements efficaces, mis au point treize ans après la découverte du virus en 1983, étaient très lourds, rappelle le médecin. Aujourd'hui, il suffit de prendre une pilule par jour, qui combine trois principes actifs parmi la vingtaine existante, ajoute-t-il.

A la découverte des premiers cas, en 1981, «nous nous sommes  toute de suite rendu compte que nous avions affaire à quelque chose de nouveau», se souvient encore le médecin, qui était à l'époque spécialiste en infectiologie et chef de clinique aux HUG. «Entre 1981 et 1996, les soins étaient essentiellement palliatifs».

Actuellement, la trithérapie est bien supportée par la majorité  des patients, assure Bernard Hirschel. Ils doivent toutefois prendre des médicaments à vie, car «si on arrête le traitement, le virus revient toujours» à plus ou moins long terme.

Dans certains cas, il arrive tout de même que l'on renonce au traitement, car le patient réagit mal, admet le médecin. Chez certaines personnes infectées depuis très longtemps, il se peut aussi que le virus devienne résistant aux médicaments.

25 millions par an
En 30 ans, le plus grand succès, c'est le succès thérapeutique, renchérit Roger Staub, responsable de la section Prévention et Promotion à l'OFSP. «Mais c'est un succès médical qui a son prix».

Le traitement coûte 25'000 francs par personne et par année, révèle Roger Staub. Aujourd'hui, sur les 20'000 séropositifs que compte la Suisse, 10'000 sont traités, ce qui correspond à un coût de 25 millions de francs au total.

Actuellement, moins de 0,1% de la population suisse est contaminée par le virus, selon l'OFSP. Mais certains groupes sont nettement plus touchés, comme les hommes homosexuels (10%) ou les migrants originaires de pays connaissant une épidémie généralisée  (jusqu'à 30%). /ats

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