Votre publicité ici avec IMPACT_medias

L'ostéopathie cherche ses règles

27 oct. 2011, 11:27

En ostéopathie, on ne raisonne pas à partir des organes malades comme en médecine classique, mais sur les conséquences à distance d'un événement initial. Une approche différente, mais pas forcément antinomique. «On sait que le moindre dérèglement de notre tonus, par exemple suite à un traumatisme, peut avoir une incidence sur l'ensemble de l'appareil locomoteur, car le corps cherche à compenser. Il s'ensuit alors des réactions en chaîne, par le petit jeu des réflexes et des spasmes musculaires, explique le Dr Norbert Teisseire, rhumatologue, diplômé de médecine manuelle et président de la Société française de médecine manuelle orthopédique et ostéopathique (Sofmmoo). Cela peut expliquer pourquoi, par exemple, une mauvaise occlusion dentaire peut entraîner des maux de tête. Et pourquoi, lorsque l'ostéopathe aide le corps à retrouver sa posture d'équilibre, les résultats sont le plus souvent au rendez-vous.»

Pour autant, le plus dur reste à faire: approfondir la connaissance des réflexes de posture chez l'homme. Et prouver, grâce à des études cliniques comparatives avec des groupes témoins, quelles sont les techniques les plus efficaces, dans quelles indications et avec quelles limites pour homogénéiser les pratiques.

«Ce travail de recherche clinique, nous l'avons bien avancé dans les douleurs du rachis. Des études ont notamment prouvé que dans les lombalgies récentes (moins de quinze jours), les thérapies manuelles font mieux que les médicaments anti-inflammatoires, poursuivent le Dr Teisseire et le Dr Jean-Yves Maigne, rhumatologue, responsable de l'enseignement de médecine manuelle, responsable de l'Unité fonctionnelle de rééducation fonctionnelle (à l'Hôtel-Dieu, Paris). On sait aussi que plus la douleur est récente et meilleures sont les chances de succès des thérapies manuelles. Que les manipulations lombaires comportent un risque négligeable (inférieur aux anti-inflammatoires), sauf en cas de hernie discale où les risques d'aggravation sont faibles. Enfin, il a été montré que les rotations cervicales forcées n'étaient pas recommandées chez la femme avant 50 ans, car elles peuvent être nocives pour les artères vertébrales. Et il faut se méfier d'une lombalgie aiguë avant 20 ans et après 55 ans, car la probabilité qu'elle soit secondaire à une pathologie médicale est accrue.»

Passer à côté d'une maladie

Les ostéopathes sont souvent consultés en cas de lombalgies, mais leur activité ne s'arrête pas là. On les retrouve auprès des sportifs de haut niveau (où ils interviennent fréquemment en prévention et après un traumatisme), auprès des sportifs amateurs, dans certains services d'orthopédie pour prendre en charge les douleurs résiduelles postopératoires, en rhumatologie, dans les maternités, etc.

Peut-on pour autant «tout» demander à son ostéopathe? Assurément non! «Car seuls les médecins peuvent faire un diagnostic de maladie et il ne faut pas brûler cette étape. Pour preuve: le premier symptôme dont s'est plaint un ancien président de la République française, décédé d'un cancer de la prostate, était une douleur lombaire», rappelle le Dr Marie-José Teyssandier, membre de la Fédération internationale de médecine manuelle (Fimm). Et les exemples de confusion possible ne manquent pas car les signaux douloureux envoyés par les organes irradient volontiers au niveau des vertèbres, sans que ces dernières y soient pour quoi que ce soit. «Pour toutes ces raisons, quand on présente une douleur pour la première fois, une visite préalable chez le généraliste (sauf si l'ostéopathe est lui-même médecin) est utile pour s'assurer de l'absence de pathologie inflammatoire, infectieuse, tumorale et neurologique sous jacente», insiste le Dr Teyssandier.

Aux ostéopathes qui n'en voient pas l'utilité, s'estimant capables de faire la différence entre un trouble qui relève de leurs compétences et une pathologie médicale, les médecins de thérapies manuelles opposent un argument de poids: c'est vrai pour certains, mais la formation actuelle des ostéopathes est trop hétérogène pour en faire une généralité. Et d'ailleurs, force est de constater qu'entre les médecins ostéopathes, les kinésithérapeutes ostéopathes, les ostéopathes obtenant leur diplôme après six ans d'études et ceux après trois ans seulement, il y a de quoi y perdre son latin!

Votre publicité ici avec IMPACT_medias