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Jamais de compléments alimentaires sans avis médical

Accompagnés de beaucoup de promesses, les compléments alimentaires garnissent les rayons diététiques des pharmacies et des supermarchés. Est-il pour autant utile d'en prendre? Leur consommation présente-t-elle des risques? Eléments de réponses.

18 août 2020, 20:00
Les compléments alimentaires sont destinés à certaines populations atteintes de maladies chroniques graves.

Vitamines, oligo-éléments, sels minéraux, omégas, mais aussi complexes pour les cheveux, pour les ongles, pour la peau, pour bronzer, pour mincir: le domaine des compléments alimentaires ne manque pas de variété et sa gamme ne cesse de s'enrichir. Présentés comme participant au bien-être et à la santé, vendus en libre-service, promettant monts et merveilles, ces produits laissent penser qu'ils ne représentent aucun danger. Il est tentant d'y succomber, comme en atteste un marché plein de vitalité.

Mais, clairement, ce n'est pas une bonne idée. «Nous n'avons aucune directive médicale pour orienter les patients vers la prise de compléments alimentaires, souligne Muriel Lafaille Paclet, cheffe diététicienne au Service d'endocrinologie, diabétologie et métabolisme du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Quelqu'un qui est en bonne santé et a une alimentation équilibrée trouve tout ce dont son organisme a besoin pour fonctionner dans ce qu'il mange. Il n'y a donc aucune raison de se supplémenter.».

Situations particulières

Les compléments alimentaires sont destinés à certaines populations à risque bien connues. Parmi elles figurent les patients atteints d'une maladie chronique grave, rénale, digestive ou autre, les personnes qui viennent de subir une intervention chirurgicale importante ou qui sortent d'une maladie aiguë grave ayant entraîné des déficits. Ces situations justifient la prescription ponctuelle et ciblée de compléments alimentaires.

Une supplémentation peut aussi être prescrite en parallèle à certains traitements, aux jeunes femmes si elles présentent une tendance à manquer de fer, et aux femmes en âge de procréer si elles désirent un enfant, sous la forme d’un supplément en acide folique pour prévenir des malformations du tube neural du fœtus.

Dans tous les cas, l'auto-supplémentation est déconseillée. «Les prescriptions doivent être faites par un médecin qui se base sur le résultat des analyses sanguines ou urinaires du patient pour évaluer les déficits», précise la spécialiste en nutrition.

Effets inconnus

Non seulement il n'existe aucune indication médicale à se supplémenter, mais les dernières recommandations concernant la prévention primaire du cancer conseillent même de ne pas prendre des compléments sans avis médical. Le risque encouru, c'est un surdosage. «Lorsqu'on consomme des vitamines via l'alimentation, elles ne sont pas seules, elles font partie d'un repas qui contient d'autres éléments nutritionnels. À l'opposé, un complément alimentaire équivaut à un "shot", mais notre organisme n'est pas fait pour assurer l'intégration de hautes doses de micronutriments. À long terme, on ne connaît pas leur impact sur la santé».

Sans oublier qu'un nombre croissant de produits alimentaires industrialisés est enrichi en vitamines, en omégas… «Il y a de quoi faire exploser tous les scores alors qu'on n'a aucune raison de se supplémenter dans un pays où on a accès à tous les fruits et légumes toute l'année.»

Si ces produits remportent néanmoins un certain succès, c'est parce qu'ils vendent du rêve. «On a besoin d'avoir le sentiment qu'on ne va pas tomber malade, pas vieillir, avoir une chevelure de rêve ou la même qualité de peau à 60 ans qu'à 20 ans, analyse Muriel Lafaille Paclet. Or ce rêve a un coût, bien supérieur à celui d'une alimentation saine et équilibrée, et il manque aussi cruellement de goût. Manger des fruits mûrs et des légumes de toutes les couleurs est bien plus plaisant et savoureux que d'avaler des pilules.»

Patricia Bernheim/Planète Santé

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