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Un vieil homme blanc… La chronique de Nicolas Rousseau

Nicolas Rousseau, poète, essayiste, chroniqueur, évoque la discrimination, là où ne l’attend pas.

12 févr. 2021, 17:00
En raison de sa position favorable à l'initiative "Oui à l'interdiction de dissimuler son visage", le socialiste Pierre-Yves Maillard s'est vu taxer de "vieille homme blanc" par une camarade de parti.

La coprésidente des Femmes socialistes suisses Tamara Funiciello qualifie de vieil homme blanc un ancien magistrat vaudois à qui elle reproche d’accepter l’interdiction de la burqa.

Une boutade qui d’abord fait sourire, car elle vise Pierre-Yves Maillard, un socialiste qui, dès sa jeunesse, a toujours combattu toutes les discriminations. En plus, elle démontre combien certains milieux dits progressistes en arrivent à utiliser les mêmes arguments discriminatoires que leurs adversaires.

En quoi l’âge jouerait-il ici? Seules de jeunes activistes seraient-elles habilitées à décider du droit d’une personne à s’habiller comme elle veut? Leurs aînées ne pourraient-elles pas légitimement leur rétorquer qu’en se couvrant totalement, certaines femmes obéissent en fait à ce vieux principe sexiste selon lequel leur corps ne doit pas éveiller la convoitise des mâles?

Les Blancs ne sauraient-ils se mettre à la place de personnes d’une autre origine qu’eux?

De plus, un homme ne pourrait-il pas imaginer combien la burqa isole du monde tout être humain, comme le décrit l’auteur du récit «Les hirondelles de Kaboul»? Une pratique qu’aucun être masculin ne s’est d’ailleurs jamais appliquée à lui-même, quelle que soit sa religion.

Et la couleur de la peau? Les Blancs ne sauraient-ils se mettre à la place de personnes d’une autre origine qu’eux? Voilà qui fait penser à ces étudiants africains refusant d’assister à des leçons sur l’esclavage, sous prétexte qu’elles les meurtrissent trop. Même s’ils ont souvent discriminé certains peuples, les Occidentaux seraient-ils donc incapables de compatir à un asservissement (que certains d’entre eux ont du reste aussi connu au cours de l’histoire)?

Bref, au-delà de ce débat sur la burqa qui ravive tous les sectarismes, rappelons que l’identité profonde d’un être humain ne dépend pas de l’âge, du sexe ou de la couleur de la peau; elle relève de sa seule aptitude à se libérer de toute prédétermination (religieuse ou autre), à nouer avec ses semblables des rapports notamment fondés sur l‘égalité des droits, le respect de l’intégrité physique et du vivre-ensemble: rapports dont l’expression la plus vraie reste le visage, selon le philosophe Emmanuel Levinas, un autre vieil homme blanc…

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