Friedrich Dürrenmatt, dont nous fêtons cette année le 100e anniversaire, disait dans un article de 1950 sur l’avenir de la Suisse dans l’Europe d’après-guerre: «La justice est la plus haute tâche de la Suisse. […] Une Suisse future est pensable uniquement comme l’État le plus social du monde.» Justice et solidarité, telle était donc la devise.
Mais l’époque actuelle est plutôt à la sécurité, qui conduit à renforcer police et armée. Partout dans le monde, et en Suisse aussi, on dépense des milliards en armements; Boris Johnson veut augmenter le stock anglais d’ogives nucléaires; Emmanuel Macron veut créer 10 000 nouveaux postes de policiers; l’agence Frontex militarise toujours plus les frontières extérieures de l’Europe, avec des fonds suisses notamment.
Les comités référendaires voient dans ce renforcement de la police une grave menace pour les droits fondamentaux
Le 13 juin, nous aurons à nous prononcer sur la Loi concernant «les mesures policières de lutte contre le terrorisme», adoptée par le Parlement en septembre passé. Les comités référendaires voient dans ce renforcement de la police une grave menace pour les droits fondamentaux, notamment ceux des enfants.
Pour mieux garantir la sécurité de la population suisse, un tribunal pourra assigner des gens à résidence sur la base d’un simple soupçon de terrorisme et sans preuve, également des enfants à partir de 12 ans. D’autres mesures peuvent être ordonnées directement par la police, qui adopte ainsi le rôle du juge.
Sacro-sainte sécurité, qui permet de soumettre les conventions internationales à l’arbitraire. Les violences infligées aux requérants d’asile dans les centres fédéraux, au nom de la sécurité, justement, sont inquiétantes. Dürrenmatt avait raison: justice et solidarité d’abord!