Dans chaque choix, on se rêve. Qu’on hésite entre «pas de dessert» et ce fondant aux trois chocolats ou entre deux appartements (l’un plus spacieux, mais moins agencé que l’autre), on se demande qui l’on deviendra après avoir choisi. Si l’on sera heureux. Bien sûr, on sait qu’il est plus apaisant, à la longue, de préférer ce qu’on choisit plutôt que de choisir ce qu’on préfère, n’empêche, on se retrouve planté devant notre choix à faire. A tenter d’en deviner les conséquences. Et à croire qu’il n’y a qu’une seule bonne réponse.
On sait aussi que pour réussir son choix, il faut savoir repousser toutes ces pressions qui pèsent sur nous, à commencer par notre paradoxal rapport à l’argent. Parce que l’on râle que tout est trop cher, mais on veut bien payer davantage, si ce n’est que pour soi. Tout est trop cher, mais une place de parc privée, «c’est quand même pratique».
C’est que l’on a bien intégré cette corrosive rengaine: «Pour vivre faut payer, pour s’aimer faut payer, pour mourir faut payer.» Alors, même s’il faut parfois se serrer la ceinture jusqu’à s’en étrangler, on veut bien payer puisque c’est ainsi qu’on valide aujourd’hui la valeur de soi. Consommer, c’est être puissant. C’est avoir réussi. Pourtant on sait, au fond de nous, qu’à nos enterrements, personne ne fera de compliment pour la marque de notre voiture.
Un choix peut être effrayant de liberté, mais pose toujours cette question: qui deviendrai-je après l’avoir fait? De ce point de vue, le 4 mars, la question sera simple: désirons-nous devenir avant tout des consommateurs ou rester des citoyens?