Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Point de vue de Sera Pantillon: «Justificatif de discrimination»

Interdiction de la burqa: «La conséquence de l’acceptation de cette initiative risque bien plus de contraindre les femmes qui portent le voile intégral à rester chez elles», estime Sera Pantillon, députée au Grand Conseil et présidente des Jeunes Verts neuchâtelois.

08 nov. 2019, 12:00
En Suisse, une initiative prône l’interdiction du voile intégral. Le peuple devra trancher.

L’initiative populaire «pour l’interdiction de se dissimuler le visage», aussi appelée initiative «antiburqa», passera vraisemblablement au vote en 2020. Derrière une prétendue volonté de sécuriser notre pays se cache un calendrier profondément discriminatoire.

Les personnes en faveur de cette initiative proviennent de tous bords politiques. Alors qu’à l’extrême droite, on constate une volonté de stigmatiser l’islam et une tentative d’assujettissement des femmes, à gauche les arguments avancés touchent à l’égalité des genres. Ainsi, de nombreuses personnes promeuvent une interdiction du voile intégral afin de défendre l’émancipation des femmes.

Investissons plutôt dans l’intégration, comme on le fait à Neuchâtel.

Ces arguments manquent leur cible. Il est légitime de penser que le port de la burqa ou du niqab soit une limitation des droits des femmes, mais de croire que son interdiction provoquera une émancipation des femmes musulmanes est tout bonnement irréaliste.

En effet, bien que le port du voile puisse constituer un empêchement à l’intégration, l’isolement à domicile forcé par une législation discriminatoire serait encore plus problématique. Car la conséquence de l’acceptation de cette initiative risque bien plus de contraindre les femmes qui portent le voile intégral à rester chez elles qu’à leur faire abandonner une pratique religieuse et sortir visage découvert.

Alors que cette initiative ne concernerait d’une infime partie des femmes musulmanes en Suisse (moins de 100 selon les estimations du Conseil fédéral!), cette interdiction provoquerait une stigmatisation de la communauté musulmane qui irait tout simplement à l’encontre des valeurs de liberté religieuse prônées dans la Constitution suisse.

Investissons plutôt dans l’intégration, comme on le fait à Neuchâtel, plutôt que d’accepter une initiative qui sera au mieux inutile, au pire contre-productive.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias