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Point de vue de Sera Pantillon: «A quand la chute du piédestal?»

«Le féminisme oui, mais alors le féminisme «modéré», comme si revendiquer l’égalité pouvait se faire qu’à moitié», relève Sera Pantillon, députée au Grand Conseil et présidente des Jeunes Verts neuchâtelois.

06 mars 2020, 12:00
«Nous avons le droit de nous lever et partir», écrit Sera Pantillon, évoquant la réaction d’Adèle Haenel à la cérémonie des Césars du vendredi 28 février.

Les Césars du week-end dernier ont parfaitement cristallisé le choc des idéologies. Alors qu’on a d’un côté un féminisme jugé «totalitaire» par ses détracteurs, un mouvement plus «modéré» se place en alternative. Celles qui dénoncent les oppressions et la violence genrée sont tenues de le faire de manière consensuelle, modeste et politiquement correcte, sous peine d’être décrédibilisées.

Le féminisme oui, mais alors le féminisme «modéré», comme si revendiquer l’égalité ne pouvait se faire qu’à moitié. Ce mouvement modéré insiste sur l’importance de séparer l’artiste de son travail, plaçant sur un piédestal ceux qui ont assez de chance pour être considérés comme talentueux et qui ainsi échappent au jugement social qui s’intensifie pourtant depuis quelques années.

Mais cessons de vouloir imposer un courant de pensée ou une pratique parfaite.

Même si on peut à la limite comprendre la volonté de certains de consommer de l’art produit par un artiste visé par de nombreuses accusations de viol et qui a fui la justice, ç’en est un autre de le glorifier lors de la cérémonie française la plus suivie de l’année.

Cela ne sert à rien de dénigrer les spectateurs de «J’accuse» au cinéma, cela ne répond pas au problème. Mais c’est bien au système de l’Académie des Césars de se remettre en question et de manière bien plus large au système de notre société qui permet à ce genre d’individus puissant de se payer le luxe de ne pas faire face à la justice et d’être carrément érigé en héros.

Evidemment, le féminisme ne justifie pas la haine. Mais cessons de vouloir imposer un courant de pensée ou une pratique parfaite. Nous avons le droit d’être en colère, de dénoncer les doubles standards qui s’appliquent à chaque facette de la société, d’être révoltées. Nous avons le droit de nous lever et partir.

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