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Point de vue de Robin Erard: «Le beurre, l’argent du beurre, la crémière et 8 milliards»

«Est-ce vraiment à la population de soutenir financièrement des sociétés qui se soustraient à la ‘solidarité fiscale’?», interroge le cinéaste Robin Erard à propos des mesures annoncées par la Confédération dans le contexte de la crise du coronavirus. Comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer sur des sujets d’actualité.

16 mars 2020, 12:00
Le Conseil fédéral – au premier plan, le ministre de l’Economie Guy Parmelin – a annoncé des mesures de soutien aux entreprises pour 8 milliards de francs.

Lors de la conférence de presse historique de vendredi 13 mars, Alain Berset a répété à plusieurs reprises qu’il fallait que la population se montre «solidaire» pour endiguer le virus. Les jeunes générations prenant soin des plus âgés est une idée à laquelle nous sommes nombreux à adhérer. Par contre, je crois que la population ne doit pas se montrer solidaire vis-à-vis de toutes les sociétés qui vont bénéficier des 10 milliards de francs promis pour soutenir l’économie.

En effet, sur le canton de Neuchâtel nous comptons un grand nombre d’entreprises dont les sièges sociaux se trouvent hors canton ou pire, dans des pays où la fiscalité est plus avantageuse ou inexistante. Parmi elles, de nombreuses entreprises horlogères dont les bénéfices disparaissent dans d’obscurs montages financiers et qui, in fine, ne sont pas taxées là où moralement elles le devraient.

Ce sont aussi ces mêmes entreprises qui ont le pouvoir de vie ou de mort sur leurs sous-traitants qui vivent, eux, fiscalement dans la région.

Pourtant… c’est auprès de l’État — dont elles se soustraient à l’impôt — que ces mêmes entreprises viendront se «refaire» lorsque Covid-19 aura salement amoché leur bénéfice (de toute manière taxé ailleurs).

Ironie du sort, ce sont également ces mêmes entreprises qui ont délocalisé une partie de leur production «pseudo swiss made» en Chine et qui se trouvent en manque de composants que l’on trouve pourtant partout dans l’Arc jurassien. Ce sont aussi ces mêmes entreprises qui ont le pouvoir de vie ou de mort sur leurs sous-traitants qui vivent, eux, fiscalement dans la région.

Pourquoi devrions-nous nous montrer solidaires envers celui qui a déjà reçu le beurre, l’argent du beurre, et la crémière? Est-ce vraiment à la population de soutenir financièrement des sociétés qui se soustraient à la «solidarité fiscale»?

Certains me diront qu’elles créent de l’emploi, c’est vrai. Pourtant c’est la première chose dont elles vont se débarrasser pour limiter la casse.

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