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Point de vue de Rémy Cosandey: «La dignité humaine bafouée à Lesbos»

«Personne ne pourra plus dire maintenant: ‘On ne savait pas’», écrit, à propos du camp de réfugiés de Lesbos, Rémy Cosandey, ancien conseiller communal au Locle. Comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer régulièrement sur des sujets d’actualité.

11 févr. 2020, 12:00
En mars 2016, des réfugiés viennent à peine de débarquer sur l’île de Lesbos en Grèce.

A propos des demandeurs d’asile parqués à Lesbos, la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter parle de leurs conditions précaires. Quel bel euphémisme! En réalité, il faudrait qualifier les hotspots (censés faire face au premier accueil) de véritables camps de concentration.

Les réfugiés vivent dans des conditions épouvantables: les toilettes sont insuffisantes et bouchées, les installations sanitaires pratiquement inexistantes, la nourriture avariée, les enfants jouent dans la boue au milieu des rats et des serpents, les familles vivent à plusieurs dans des abris minuscules.

Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés évalue en novembre 2019 à 34 500 le nombre des réfugiés parqués dans les cinq hotspots de la mer Egée. Les deux tiers d’entre eux sont des femmes et des enfants. Etant équipés pour héberger au maximum 6400 personnes, ces camps sont donc désespérément surpeuplés.

Sauf peut-être ceux qui n’ont aucune parcelle d’humanité.

Dans un livre qu’il vient de publier («Lesbos, la honte de l’Europe»), Jean Ziegler dénonce la grave atteinte aux droits de l’homme à Lesbos. Qu’on aime ou qu’on déteste le politicien et écrivain genevois, il ne peut laisser personne indifférent, sauf peut-être ceux qui n’ont aucune parcelle d’humanité. On peut partager son constat: l’île de Lesbos est devenue la honte de l’Europe.

Et Frontex (abréviation de «frontières extérieures»), organisation fondée en 2004 et qui a son siège à Varsovie? Les policiers de ce service sont chargés de la lutte contre les cartels internationaux du trafic d’êtres humains. Dans la pratique, ils veillent à empêcher les réfugiés d’aborder à Lesbos ou ailleurs. Le commandement de Frontex a été clair: «Notre tâche n’est pas de secourir les naufragés, mais d’assurer la sécurité des frontières.» Et tant pis pour les 6000 personnes qui se noient chaque année dans la Méditerranée!

Personne ne pourra plus dire maintenant: «On ne savait pas.» Je conseille à tous les ministres européens d’aller passer une journée dans les hotspots de Lesbos. Ils en reviendront épouvantés de voir que des scènes d’horreur se passent en l’Europe. Nelson Mandela a dit: «Priver les gens de leurs droits humains revient à contester leur humanité même.»

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