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Point de vue de Pierre Bühler: «Xamax crucifié…»

«Comment faut-il interpréter ces usages de termes religieux dans des chroniques sportives?», interroge le théologien Pierre Bühler. Comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer régulièrement sur des sujets d’actualité.

21 mai 2019, 14:00
Xamax face à Sion en mars dernier.

Il y a quelque temps, on avait déjà célébré la «résurrection» de Roger Federer, parce qu’il réapparaissait sur les courts de tennis avec des forces renouvelées, après une longue absence. Cela évoquait apparemment chez les chroniqueurs le Christ revenant à la vie après les trois jours passés dans le tombeau. Roger Federer, un Christ ressuscité?

Et voilà que tout récemment, les journalistes sportifs nous ont dit que Sion avait «crucifié» Xamax en marquant le but de la victoire à la 93e minute! Une équipe de Xamax abattue par cette défaite au dernier moment, alors qu’il aurait fallu sauver le match nul: cela a dû rappeler la tragédie du Christ mourant sur la croix, en criant «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?»

Comment faut-il interpréter ces usages de termes religieux dans des chroniques sportives? Évidemment, on me dira tout de suite qu’on ne l’entendait pas au sens propre, mais au sens figuré, et qu’il ne fallait pas prendre les expressions au pied de la lettre.

 

Ne donne-t-on pas au sport une dimension démesurée en jouant sur de telles associations?

Pourtant, la crucifixion et la résurrection pour des événements sportifs, cela nous interpelle tout de même. Ne donne-t-on pas au sport une dimension démesurée en jouant sur de telles associations? Ou, dans le sens inverse: ne banalise-t-on pas les événements fondateurs du christianisme en les transformant en simples symboles sportifs?

On incitera donc les chroniqueurs sportifs à la modération. Surtout en une époque où les connaissances en culture biblique et chrétienne sont en train de disparaître à grande vitesse.

Récemment, un jeune homme me demandait: «C’est quoi qu’on fête à Vendredi-Saint?» Et après mon explication, il m’a demandé: «Ça veut dire quoi, crucifier?» J’aurai désormais une réponse simple à disposition: «C’est quand une équipe sportive, après une longue lutte, subit une défaite au tout dernier moment d’une partie.»

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