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Point de vue de Pierre Bühler: «Trop de droits…?»

«Ces dernières années, le problème de la migration s’est avéré être l’enjeu le plus brûlant de la question des droits humains», écrit le théologien Pierre Bühler. Comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer régulièrement sur des sujets d’actualité.

07 déc. 2018, 12:01
En Europe, les requérants d’asile se trouvent ainsi ballottés d’un pays à l’autre, sans prise en compte de leurs droits.

En ce mois de décembre nous attendent deux commémorations quelque peu contradictoires. Le 10 décembre, il y a les 70 ans de la Déclaration universelle des droits humains, adoptée par les Nations Unies en 1948. C’est l’occasion de rappeler l’importance de ces droits, alors qu’un peu partout dans le monde, ils sont rognés, restreints ou même ouvertement bafoués.

Mi-décembre, nous pourrons commémorer les 10 ans de l’entrée de la Suisse dans l’espace Schengen, et donc de l’adoption par la Suisse des accords européens de Dublin sur la migration et l’asile.

Ces dernières années, le problème de la migration s’est avéré être l’enjeu le plus brûlant de la question des droits humains. La double commémoration doit donc nous interpeller. Les accords de Dublin ont permis aux services suisses de la migration de prononcer par centaines, par milliers, des non-entrées en matière, repoussant les requérantes et requérants dans leur premier pays européen d’accueil, sans aborder la question de leur droit d’asile.

Pourtant, les accords de Dublin prévoient une clause dite de souveraineté, permettant à un pays de renoncer au renvoi «pour des raisons d’humanité et de compassion». Cette clause n’a été que très rarement appliquée en Suisse, et les requérants d’asile se trouvent ainsi ballottés d’un pays à l’autre, sans prise en compte de leurs droits, dans une Europe qui se ferme de plus en plus, bloquant ses frontières, quitte à renvoyer les migrants dans les camps libyens.

Les hésitations concernant la signature du Pacte des Nations Unies sur les migrations montrent bien combien les impératifs d’économie et de sécurité prédominent. Ce pacte n’est pourtant que la transcription des droits humains de 1948 en principes généraux de la migration. Mais déjà on dénonce le caractère dangereux de ce pacte, parce qu’il accorderait trop de droits aux migrants! Trop de droits pour les 70 millions de déracinés, d’exilés dans le monde, souffrant d’être arrachés à leur patrie et exposés à tous les dangers?

La Constitution suisse ne dit-elle pas en son préambule que «la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres»? Cela vaut aussi pour la communauté internationale, souvenons-nous en!

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