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Point de vue de Pierre Bühler: «Tomi Ungerer n’est plus!»

«Habité par un humour caustique, il se caractérisait comme un pessimiste heureux». Pierre Bühler, théologien, rend hommage à l’illustrateur Tomi Ungerer, décédé récemment. Comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer régulièrement sur des sujets d’actualité.

15 févr. 2019, 12:03
Le grand dessinateur, illustrateur de livres et sculpteur d’origine alsacienne Tomi Ungerer est décédé dans la nuit du 8 au 9 février.

Le grand dessinateur, illustrateur de livres et sculpteur d’origine alsacienne est décédé dans la nuit du 8 au 9 février, à l’âge de 87 ans. Né à Strasbourg en 1931, il avait 8 ans lorsque la Seconde Guerre mondiale éclata. Sous l’occupation allemande, l’Alsace fut annexée au Reich, et le français interdit. Puis viennent les longs combats de la Libération, et c’est maintenant l’alsacien qui est interdit.

Cette expérience d’enfance marqua profondément Tomi Ungerer: se méfiant de tous les régimes autoritaires, il militera par le dessin et l’écriture pour la démocratie, les droits humains, la liberté, la tolérance et la justice. Se retrouvant à New York à 25 ans, il s’y engage avec des affiches contre ségrégation raciale, la guerre du Vietnam, l’envahissement de la technique, le fléau de la drogue.

C’est d’abord par des livres d’enfants qu’il deviendra célèbre. Avec ironie, il met en scène des brigands, mais aussi des animaux habituellement bannis des livres d’enfants, des serpents, des rats, etc. L’enfant est ainsi invité à affronter ses peurs et à les transformer en courage. Tout au long de sa vie, il dessine aussi pour des magazines, publie des recueils de dessins politiques, satiriques ou érotiques (ces derniers lui vaudront une longue période de censure de ses livres d’enfants aux États-Unis!).

Dans plusieurs recueils, il raconte les différentes phases de sa vie, en Alsace, aux États-Unis, au Canada. C’est en 1976 qu’il revient en Europe, s’installant en Irlande, où il vient de décéder. Il laisse derrière lui plusieurs dizaines de milliers de dessins, légués à sa ville natale, qui a créé un musée en son honneur.

Habité par un humour caustique, il se caractérisait comme un «pessimiste heureux». Empreint d’un profond humanisme, il dénonçait sans répit les dérives des pouvoirs, consacrant ses dessins à montrer les êtres humains dans leurs forces et faiblesses, avec leurs zones d’ombre et de lumière. «Expect the Unexpected» titrait l’un de ses ouvrages récents: attendez-vous à l’inattendu. Le veilleur alsacien n’est plus, à nous de prendre le relais, chacune et chacun avec ses talents…

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