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Point de vue de Pierre Bühler: «Sans pitié»

«L’Organisation suisse d’aide aux réfugiés demande depuis longtemps que les renvois forcés en Éthiopie cessent immédiatement», relève le théologien Pierre Bühler. En vain, rappelle-t-il, en évoquant de nouveaux renvois de requérants. Comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer sur des sujets d’actualité.

04 févr. 2021, 12:00
Manifestation à Genève pour dénoncer le renvoi forcé des requérants éthiopiens.

Les journaux en ont parlé: un vol spécial était prévu pour le mercredi 27 janvier en soirée. Il devait effectuer le retour forcé de quelques requérantes et requérants éthiopiens sans statut de séjour en Suisse et qui pourtant vivaient ici depuis plusieurs années.

Ce projet a suscité de multiples protestations. En pleine pandémie, et alors que l’Éthiopie connaît une guerre civile qui entraîne des morts, des viols collectifs, des violences ethniques, des déplacements de personnes par dizaines de milliers, une telle expulsion paraissait insensée. Des collectifs de protection ont manifesté leur soutien, écrit des lettres à la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter et au secrétaire d’État aux migrations.

Amnesty International est intervenu. L’Organisation suisse d’aide aux réfugiés demande depuis longtemps que les renvois forcés en Éthiopie cessent immédiatement. Deux comités de l’ONU, contre la torture et contre la discrimination des femmes, ont pu empêcher que deux femmes soient aussi du voyage. Depuis quelques jours, deux des hommes visés avaient entamé une grève de la faim et de la soif.

Je reste bouche bée face à cette manière de passer outre à tous les appels.

Mais rien n’y fit. La conseillère fédérale et le secrétaire d’État restèrent intraitables, comme aussi les instances cantonales qui collaboraient. Sur la base d’accords secrets de réadmission, l’avion a décollé, emportant ces quelques Éthiopiens, dont les deux personnes certainement très affaiblies par leur grève. Quel entêtement criminel, et quel mépris à l’égard de toutes les voix qui s’étaient élevées, même au plan international!

En pensant à l’automne passé, je me suis dit que Mme Keller-Sutter avait en somme montré plus de compassion pour ces pauvres multinationales qu’on allait mettre sous pression que pour ces quelques personnes qu’on estime soudain indésirables. Je reste bouche bée face à cette manière de passer outre à tous les appels, à toutes les supplications, pour violer le principe de non-refoulement sans sourciller.

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