L’été qui se termine a connu son lot d’histoires tragiques en lien avec les migrants sur la mer Méditerranée. Une fois de plus, des embarcations ont coulé, avec des centaines de personnes à bord. D’autres migrants ont été récupérés, mais renvoyés dans les camps de la mort en Libye, dont l’un a été massivement bombardé par des troupes rebelles. Les rares bateaux humanitaires qui ont pu sauver des fugitifs n’ont pu accoster qu’après des semaines de tractations.
Et lorsqu’une jeune capitaine courageuse a forcé l’accostage, elle a été inculpée et son bateau séquestré. Le Sénat italien vient de décider que l’amende pour ce genre d’action serait portée à un million d’euros. La Turquie est en train d’imposer sous contrainte à des centaines de milliers de Syriens un retour soi-disant volontaire dans leur pays dévasté.
Un seul exemple de l’ambiance, extrême, certes, mais pas si rare.
Et l’Europe dans tout cela? Pour l’essentiel, elle se tait, peinant à trouver des arrangements ad hoc pour se répartir les quelques dizaines de migrants finalement rescapés. Parallèlement, elle renforce à coups de milliards l’organisation Frontex, chargée d’assurer la fermeture de ses frontières extérieures.
«Et la Suisse, dans tout ça?», me direz-vous. Un seul exemple de l’ambiance, extrême, certes, mais pas si rare. «Le Nouvelliste» du 3 août a publié à la «une» un article intitulé «De l’air pour les enfants de migrants», avec une photo d’enfants heureux de participer à un «camp d’été interculturel» à Haute-Nendaz.
Grâce à «Vigousse» du 16 août, nous savons que cette page a déclenché une réaction de haine massive sur les réseaux sociaux. D’abord contre les journalistes «socialos gauchiasses crasseux», puis contre ces étrangers qu’il vaudrait mieux renvoyer illico chez eux. L’un des messages, reprenant le titre de l’article, dit même: «Remplaçons l’air par du gaz…»
J’en suis encore bouche bée…