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Point de vue de Pierre Bühler: «Qui fait durer le conflit?»

«A qui la faute si le conflit israélo-palestinien perdure et que la solution à deux Etats s’éloigne de plus en plus», interroge le théologien Pierre Bühler. Comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer régulièrement sur des sujets d’actualité.

25 nov. 2019, 12:00
Manifestation contre la construction de nouvelles implantations de colons israéliens en Cisjordanie.

Il y a quelques semaines, la démission du directeur de l’agence de l’ONU pour l’aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) a fait la «une» des journaux. Il n’est pas de ma compétence d’évaluer les critiques formulées contre Pierre Krähenbühl.

Mais ce qui m’a sidéré, c’est qu’on veuille couler cette organisation humanitaire qui, depuis 1949 (70 ans!), est en charge de 5,5 millions de réfugiés palestiniens au Liban, en Jordanie, en Syrie, dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. Cela a commencé par le retrait du soutien américain par Donald Trump en 2018 (300 millions, le quart du budget de l’UNRWA).

«Il nous faut un Etat d’Israël assurément»

Ce qui m’a choqué le plus, c’est l’argument invoqué contre le travail de l’agence: par ses programmes d’aide depuis quatre générations de réfugiés, elle ne ferait que perdurer le conflit israélo-palestinien et rendrait donc difficile la résolution du problème des réfugiés dans la région, dixit Efraim Inbar, président de l’Institut de Jérusalem pour la stratégie et la sécurité.

Mais entre-temps, n’est-ce pas, nous avons appris qu’une fois de plus, Benyamin Nétanyahou a autorisé la construction de plusieurs milliers d’appartements pour des colons israéliens en Cisjordanie. Et pour tout arranger, le président Trump vient de proclamer qu’il ne considérait pas ces constructions comme contraires au droit international.

Alors, je demande: à qui la faute si le conflit israélo-palestinien perdure et que la solution à deux États s’éloigne de plus en plus? Ce n’est certainement pas à cause de l’UNRWA et de son aide infatigable aux réfugiés enfermés de génération en génération dans leurs camps depuis 70 ans.

Il nous faut un État d’Israël, assurément. Mais ce n’est pas une raison pour accepter tout ce que les politiciens font de cet État, dans l’alliance maléfique avec le président américain.

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