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Point de vue de Pierre Bühler: «Quand les adultes s’arrangent…»

«Cette chanson me trotte dans la tête et résonne soudain incroyablement en lien avec les nouvelles concernant le nord de la Syrie», écrit le théologien Pierre Bühler. Comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer régulièrement sur des sujets d’actualité.

29 oct. 2019, 12:00
Guerre au Moyen-Orient: les enfants une fois de plus victimes des arrangements des grands.

En voyage sur les routes de Bourgogne avec notre petit-fils, nous écoutons dans la voiture des chansons d’enfants d’Aldebert, intitulées «Enfantillages». Rien de très sérieux, donc, et pourtant… La dernière, qui s’appelle «Petits d’anges», s’inspire de la chanson «Au clair de la lune» et demande donc à l’ami Pierrot de prêter sa plume pour écrire un mot. Mais ce mot, le chanteur veut l’adresser «à tous les bambins, qui dans la misère tiennent à la main une bouteille à la mer.» Et dans le refrain, il demande: «Qui veille sur les petits d’anges quand les adultes s’arrangent?»

Cette chanson me trotte dans la tête et résonne soudain incroyablement en lien avec les nouvelles concernant le nord de la Syrie. Là aussi, «les adultes s’arrangent»: l’un, Américain, lâche ses anciens alliés kurdes et quitte le terrain, laissant le champ libre à l’autre, Turc, qui veut à tout prix sa bande de sécurité contre ceux qu’il nomme les «terroristes». Mais il menace l’intégrité de la Syrie, et il faut donc s’arranger avec le Russe qui, depuis longtemps, s’est arrangé avec le Syrien pour étouffer dans le sang toute velléité de liberté.

Cette convention est systématiquement violée par les arrangements des puissants.

Et l’Européen, qui s’est arrangé à coups de milliards avec le Turc pour qu’il retienne les réfugiés chez lui, proteste mollement. Résultat: des centaines de milliers de familles déplacées de force, des centaines de personnes tuées, enfants compris, évidemment, une fois de plus victimes des arrangements des grands. «Qui veille sur les petits d’anges?»

Le 20 novembre prochain, nous célébrerons les 30 ans de la Convention relative aux droits de l’enfant, signée par 194 États. Ce sera une fête fort ambiguë, car cette convention est systématiquement violée par les arrangements des puissants. En Suisse aussi, notamment dans le cadre des procédures d’asile, par exemple en mettant des mineurs en détention administrative, en vue de leur expulsion.

Alors, avec la chansonnette d’Aldebert, la question me reste en travers de la gorge: «Qui veille sur les petits d’anges?»

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