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Point de vue de Pierre Bühler: «McKinsey, spécialiste en asile…»

«De nuit, on sort des groupes, parfois des familles entières des camps, on les emmène au loin sur la mer et on les abandonne à leur sort sur des canots de survie», dénonce le théologien Pierre Bühler à propos des camps de réfugiés des îles grecques. Comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer sur des sujets d’actualité.

03 sept. 2020, 14:00
Un réfugié saute par-dessus une flaque de boue au camp de réfugiés de Mória, sur l'île de Lesbos, en Grèce.

On le sait, dans les camps des îles grecques, des dizaines de milliers de migrants sont entassés. Comment faire pour en réduire le nombre? Les gardes-côtes grecs se sont spécialisés dans ce qu’on appelle les «push-back»: au lieu d’accueillir et de laisser déposer une demande d’asile, on repousse de force les nouveaux arrivants.

Mieux encore: de nuit, on sort des groupes, parfois des familles entières des camps, on les emmène au loin sur la mer et on les abandonne à leur sort sur des canots de survie. Des vidéos le prouvent, tandis que les autorités grecques dénient et que l’Europe se tait.

Les gardes-côtes grecs donnent donc simplement un petit coup de pouce au «retour volontaire»…

Où ces idées trouvent-elles leur origine? Le journal allemand «Der Spiegel» l’a dévoilé. En 2016 et 2017, le Bureau européen d’appui en matière d’asile a passé un contrat avec la grande compagnie américaine McKinsey, spécialiste en conseil de management performant. On voulait savoir de McKinsey comment résoudre efficacement le problème du surpeuplement des camps. Les principaux conseils furent les suivants: imposer au personnel de traiter 300 demandes d’asile par semaine au lieu de 50, en installant un système qui fait constamment le décompte des demandes traitées; créer des structures de détention suffisantes pour interner les migrants destinés à être refoulés; dès leur arrivée et sans arrêt, convaincre les migrants de renoncer à leur demande d’asile et d’envisager le «retour volontaire».

Les gardes-côtes grecs donnent donc simplement un petit coup de pouce au «retour volontaire»…

Savez-vous ce que ce contrat de consulting a coûté à l’Europe? 992 000 euros. Voilà de l’argent fort bien utilisé! Presque aussi bien que nos six milliards prévus pour l’achat de nouveaux avions de combat!

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