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Point de vue de Pierre Bühler: "…il a souffert sous Ponce Pilate…"

Vendredi saint, Ponce Pilate et les réfugiés: Pierre Bühler, théologien, fait de ces thèmes le fil rouge de sa réflexion. Découvrez son point de vue: comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer régulièrement sur des sujets d’actualité.

28 mars 2018, 16:00
Une reconstitution de la crucifixion au Venezuela.

Gouverneur romain de Judée de 26 à 36 après Jésus-Christ, Ponce Pilate, on le sait, a joué un rôle important dans la mise à mort de Jésus. Non seulement les quatre évangiles le mentionnent, soulignant différents aspects, mais son nom est évoqué à chaque fois que des chrétiens récitent le Symbole des apôtres, disant de Jésus qu’il a «souffert sous Ponce Pilate». 

Un seul évangile, toutefois, celui de Matthieu, parle du geste ambigu qui rendit Pilate célèbre: celui de s’innocenter en se lavant les mains, alors même qu’il cède à la pression de la foule et livre un innocent à la mort, préférant laisser à d’autres la responsabilité de son acte.

Beaucoup d’êtres humains souffrent aujourd’hui de par le monde, dans une sorte de Vendredi saint sans fin: ces enfants de Syrie sous les bombes, ces femmes africaines violées sur leur chemin d’exil, ces exilés exploités par milliers dans les camps de la mort de Libye ou qui, s’ils y parviennent, font la traversée périlleuse de la Méditerranée et souvent s’y noient.

Et Pilate dans tout cela? Il me fait penser à l’Europe (et à la Suisse, avec elle). On n’arrête pas de souligner la tragédie des migrants et la nécessité de leur venir en aide. Mais ensuite on s’arrange pour qu’ils ne viennent surtout pas nous encombrer, en fermant les frontières, en renforçant les contrôles en Méditerranée, en chargeant les garde-côtes libyens de les retenir en Afrique. 

Et la semaine passée, l’Europe a payé à nouveau trois milliards d’euros à la Turquie d’Erdogan, pour qu’elle garde les migrants dans ses camps. Que d’autres s’en occupent, on paiera. Et tout cela n’empêche pas les pays européens de vendre leurs armes, par exemple aux pays belligérants du Yémen. Cela, bien sûr, produit de nouveaux exilés. «Je m’en lave les mains», la foule en veut ainsi…

Alors, en ce Vendredi saint 2018, mes pensées seront pour ces 65 millions d’êtres humains qui ont dû tout quitter, chassés de chez eux, repoussés d’un pays à l’autre, sur des routes dangereuses, vivant dans des camps sordides, butant partout contre des murs et des barbelés. Et à la lumière de Pâques, je garderai l’espoir – très ténu, mais très tenace – que la vie est plus forte que la mort.

Joyeuses Pâques!

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