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Point de vue de Pierre Bühler: «Des mines antipersonnel intelligentes?»

«Et tant pis pour les victimes potentielles! Quantité négligeable!» La décision de Donald Trump d’autoriser à nouveau l’armée américaine d’utiliser des mines antipersonnel exaspère le théologien Pierre Bühler. Comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer régulièrement sur des sujets d’actualité.

03 févr. 2020, 12:00
Les mines antipersonnel font encore des milliers de victimes.

En 1997, 164 pays signaient le traité d’Ottawa, interdisant la production, le transport et l’utilisation des mines antipersonnel qui, abandonnées par les armées, touchent surtout, on le sait, les civils, des enfants notamment.

Ce traité avait permis de réduire d’environ 10 fois les victimes de cette arme perfide, de 30 000 par année dans les années 1990 à 3300 en 2013. Les États-Unis, comme d’autres puissances, dont notamment la Chine et la Russie, n’avaient pas signé le traité, mais le président Obama avait décidé en 2014 des restrictions pratiquement équivalentes au traité.

Vous y croyez, vous, à des mines antipersonnel intelligentes?

Quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre le 31 janvier que le président Trump suspendait les restrictions de son prédécesseur: l’armée américaine serait mise en péril si elle ne disposait pas de cette arme; d’ailleurs, il s’agit d’une nouvelle génération de mines antipersonnel, dites intelligentes, capables de s’autodétruire, une fois désactivées, dans un délai entre 6 heures et une vingtaine de jours.

«Une fillette a explosé sur une mine antipersonnel? Ah, c’est parce qu’elle n’a pas respecté le délai d’autodestruction!» «La jambe d’un adolescent a été arrachée par l’explosion d’une mine? Ah, il doit y avoir eu un bug dans le système de surveillance et elle était restée activée!»

Franchement, je vous demande: vous y croyez, vous, à des mines antipersonnel intelligentes? Moi, j’en doute fort, et j’aurais donc trouvé bien plus intelligent d’en rester aux restrictions d’Obama. Mais c’eût été sans compter avec la bêtise de son successeur, dont je ne doute pas un instant, en revanche.

«Make the US army great again!» Et tant pis pour les victimes potentielles! Quantité négligeable! Espérons que tous les évangéliques qui le soutiennent se souviendront, en votant, du manque d’éthique chrétienne de cette décision. «Prenez garde de ne mépriser aucun de ces petits.» (Matthieu 18,10) 

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