Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Point de vue de Pierre Bühler: «C’est bien, mais pas assez!»

«Parmi ces grands oubliés, il y eut aussi les quelque 40 000 hommes, femmes et enfants entassés dans les camps des îles grecques», écrit le théologien Pierre Bühler à propos des oubliés de la crise sanitaire. Comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer sur des sujets d’actualité.

22 mai 2020, 12:22
Une très jeune migrante dans le port du Pirée en Grèce.

Ces dernières semaines, il n’a été question que de nous et de notre crise du coronavirus. Ce fut une véritable monomanie: les médias ne parlaient que de ça, nos conversations ne portaient que sur ça, nos inquiétudes n’étaient habitées que par ça.

Il y eut donc de grands oubliés: la faim a continué de faire ses ravages, la guerre du Yémen s’est poursuivie impitoyablement, les violences au nord-est du Congo ont fait des centaines de victimes et des dizaines de milliers de fugitifs.

Ces camps que l’Europe appelle ses «hotspots» brûlent, au sens propre et au sens figuré.

Parmi ces grands oubliés, il y eut aussi les quelque 40 000 hommes, femmes et enfants entassés dans les camps des îles grecques, vivant dans des conditions innommables. Profitons d’en reparler, car on vient d’annoncer que samedi, la Suisse avait enfin fait venir de ces camps 23 mineurs non accompagnés ayant des liens familiaux en Suisse.

On s’en félicitera, certes, mais ce n’est pas assez. Différents appels de Pâques, presque passés inaperçus dans les médias, demandaient au Conseil fédéral d’en accueillir plusieurs milliers, afin de pousser l’Europe à évacuer complètement ces camps de la honte, comme les a appelés Jean Ziegler. Mais la réponse est négative: à Berne, on estime qu’«il n’y a pas de crise en Grèce».

Espérons tout de même que la Suisse entendra l’appel du Haut-commissariat aux réfugiés à en accueillir plus, à contribuer à des efforts de relocalisation. Car ces camps que l’Europe appelle ses «hotspots» brûlent, au sens propre et au sens figuré.

Depuis quelques mois, une dizaine d’incendies ont ravagé différents secteurs des camps, détruisant les huttes et tentes de fortune. Mais les camps brûlent aussi par la misère et la violence accumulées, le désespoir qui conduit des enfants à s’automutiler et à se suicider, et la chape de plomb que fait peser le risque de pandémie.

Non, 23 mineurs non accompagnés, ce n’est pas assez. La Suisse peut en faire bien plus.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias