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Point de vue de Patrick Vincent: «Au pays de Guillaume Tell»

«Le mythe suisse est bien vivant au milieu de ces paysages sublimes», écrit Patrick Vincent, professeur à l’Université de Neuchâtel, à propos du canton de Schwytz. Découvrez son point de vue: comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer régulièrement sur des sujets d’actualité.

31 août 2018, 15:00
Le sommet de Grand Mythen dans le canton de Schwytz.

J’ai récemment suivi une étape de la via Jacobi de Rapperswil à Schwytz. C’est un itinéraire magnifique qui traverse un pont en bois dont le tracé remonte au néolithique, passe par l’abbaye d’Einsiedeln, avant d’arriver au cœur de la Suisse primitive.

Spiritualité et patriotisme se confondent tout au long du chemin. Comment ne pas être ému par les lutteurs en herbe sur la place du village, par cette dévotion silencieuse à la Vierge noire, ou par la première vue plongeante sur le lac des Quatre-Cantons? Le mythe suisse est bien vivant au milieu de ces paysages sublimes. 

Or j’ai aussi compris que pour survivre, ce mythe ne pouvait rester figé dans le passé et devait constamment être renouvelé. L’expérience la plus forte a été la messe célébrée par des centaines de pèlerins africains venus des quatre coins de la Suisse. Musiques, danses, et prières se sont enchaînées, illustrant ce que c’est que la véritable foi.

Au sommet du Grand Mythen, j’ai discuté avec un groupe de jeunes Croates enthousiastes de pouvoir travailler dans un si beau pays. A Schwytz, enfin, la maison patricienne des Redings, ancienne famille composée de magistrats et d’officiers, m’a rappelé que les Suisses étaient eux aussi contraints, il n’y a pas si longtemps, à partir travailler à l’étranger, et parfois même à y laisser leur peau. 

Autrement dit, l’ouverture sur l’Europe et le monde a toujours assuré la survie de notre petit pays, et continue à le faire aujourd’hui, donnant un nouvel élan à notre économie, à notre histoire, et à nos traditions. Pourtant, à quelques kilomètres de là, dans le village d’Unterägeri, les représentants du plus grand parti de Suisse plébiscitaient une initiative pour une soi-disant «autodétermination». Selon le Conseil fédéral, cette loi remettrait en question nos engagements internationaux, déjà ratifiés démocratiquement, et nuirait à notre stabilité.

Or, que ce soit par zèle patriotique mal placé, par méconnaissance de leur histoire, ou par pure ambition, les personnes présentes ont suivi sans discussion le mot d’ordre de leurs tribuns, ressassant des batailles imaginaires afin de transformer le pays de Guillaume Tell en village de gnomes.

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