Petit frisson d’automne, pour la première fois en Suisse, les élections au Conseil fédéral se feront sous le signe du genre. Pour la première fois?
Presque… Il faut rappeler la non-élection de Christiane Brunner en 1993, l’élection de Francis Matthey, et la colère qui s’est ensuivie… au point que le candidat élu renoncera et qu’on verra débouler une nouvelle candidate, Ruth Dreifuss, qui deviendra la première présidente de la Confédération quelques années plus tard… La colère des femmes avait payé.
Cet automne, la colère a sans doute été anticipée. Pour la première fois, je n’ai pas entendu le refrain habituel «on choisit la compétence, pas le sexe!».
Personne non plus n’a osé le sempiternel «je n’aimerais pas être une femme quota». L’argument maintes fois répété que les quotas existent déjà au Conseil fédéral, quota de partis, de régions, de langues, paraît cette fois-ci avoir porté.
Depuis un an, la mobilisation planétaire contre les inégalités dont sont victimes les femmes, partout, semble avoir atteint la Suisse. À ma grande surprise, même le PDC a fait le forcing pour présenter deux femmes et éviter qu’une fois encore un homme prenne l’avantage.
Et les mauvaises langues qui essaieraient de dire que ces femmes-là ne sont pas compétentes seraient immédiatement taxées de ridicules. Qui s’exprime, pour certaines parfaitement, dans plusieurs langues nationales? Qui a le plus d’expérience politique? Bien imprudent celui qui oserait prétendre qu’elles sont moins qualifiées.
Trois femmes au Conseil fédéral cet hiver, ce n’est que justice, et ce mois de décembre 2018 pourrait avoir un petit air de printemps… en attendant l’été.