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Point de vue de Nicole Baur: "La patience, mère de l’inégalité?"

Ce 14 juin, on célèbre le 27e anniversaire de la grève des femmes en Suisse. L'égalité est loin d'être encore une réalité. "La patience a des limites", rappelle Nicole Baur, cheffe de l'office de la politique familiale et de l'égalité du canton de Neuchâtel. Découvrez son point de vue: comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer régulièrement sur des sujets d’actualité.

14 juin 2018, 00:01
En Suisse, la grève des femmes s'est déroulée le 14 juin 1991.

Lors de l’Exposition nationale de 1928 sur le travail féminin, des femmes en chapeaux traînaient un char sur lequel trônait un énorme escargot, symbole de leur lassitude. Elles n’imaginaient pas alors qu’elles devraient attendre 1971 pour voir leurs revendications aboutir, et 1981 pour que le principe d’égalité soit enfin inscrit dans la Constitution fédérale! Et ces militantes n’étaient sans doute plus là pour faire la grève le 14 juin 1991. La patience, cette vertu que l’on aime tellement attribuer aux femmes est peut-être l’argument le plus raffiné pour asseoir sa domination… (masculine, bien sûr).

Découvrir dans les archives "L’Express" et "L’Impartial" la tenue des débats du Grand Conseil d’un certain 6 novembre 1917 ne peut qu’émouvoir les militantes d’aujourd’hui, 100 ans plus tard. En pleine Grande Guerre, une motion socialiste est débattue. Prennent alors la parole plusieurs députés dont deux libéraux. D’abord, le Dr. Henri Richard, il estime qu’il faut dépasser les droits politiques et atteindre l’égalité économique. "A travail égal, salaire égal!", clame-t-il sous les applaudissements. Quant à Otto de Dardel, il proclame: "Ce qui serait détruit en laissant les femmes voter, ce n’est pas la paix du ménage (argument récurrent de l’époque), mais le despotisme de l’homme. Ce serait une victoire du droit sur la force." La motion sera acceptée par 69 voix contre 27 et débouchera en 1919 sur la première votation sur le sujet en Suisse.

"Tout vient à point à qui sait attendre"? A tous ceux qui rechignent à contrôler l’égalité salariale, à octroyer un congé paternité décent, à investir dans les structures de soutien à la parentalité, j’aimerais rappeler, en ce 14 juin 2018, que la patience a des limites…

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