Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Point de vue de Nicolas Turtschi: «Tout est question d’équilibre, hélas»

«Plutôt que de s’affronter sur des idées, on s’écharpe sur des questions comptables», déplore Nicolas Turtschi, militant du Parti ouvrier et populaire, à propos du débat politique.

28 févr. 2020, 12:00
La Haute école de musique est évaluée à l’aune de ses coûts, et non en tant qu’institution répondant au projet de société de former à la musique, constate Nicolas Turtschi.

Avez-vous remarqué que la politique se réduit de plus en plus à des chiffres? La Haute école de musique est évaluée à l’aune de ses coûts, et non en tant qu’institution répondant au projet de société de former à la musique. Les avions de combat, d’accord, mais pas trop cher. Ne peut-on simplement s’opposer à l’armée pour ce qu’elle représente? Soutenir la culture par principe

Plutôt que de s’affronter sur des idées, on s’écharpe sur des questions comptables. Une manière bien terne de faire de la politique, qui explique peut-être en partie le désintérêt qu’elle suscite. Le débat sur le budget est devenu le moment clé du cycle politique, cela en dit long. Et cela conduit à des batailles de chiffres basées sur des estimations toutes politiquement orientées, qu’on ne peut plus croire.

Peut-être convient-il de se rappeler que l’économie n’est pas une science exacte.

Cette centralité de l’argent n’est pas un hasard. Elle découle notamment du carcan intellectuel néolibéral. En véhiculant sa perception de la dette (horrible), de l’équilibre budgétaire (vertueux), de l’inefficacité étatique, etc., le néolibéralisme nous a fait intérioriser ses concepts, lesquels déteignent à présent sur notre manière de faire de la politique, et restreignent son champ des possibles. Cela aurait bien fait rire le gouvernement français d’après-guerre, lequel est passé d’une dette de 200% du PIB en 1945 à 30% au début des années 1950, sans couper dans les dépenses publiques (Porcher, Thomas, «Traité d’économie hérétique», 2018).

Peut-être convient-il de se rappeler que l’économie n’est pas une science exacte. Elle est traversée de courants qui dominent certaines époques. Depuis les années 1980, le dogme néolibéral règne en maître et impose ses théories. Mais il existe d’autres manières de voir l’économie qui pourraient enfin ouvrir le champ des possibles et élargir le débat politique.

Et y faire à nouveau parler de politique.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias