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Point de vue de Nicolas Rousseau: «Syrie: nos doléances, leurs souffrances»

«Nous Occidentaux parlons moins des souffrances liées à ce conflit, obsédés que nous sommes par un éventuel retour de djihadistes chez nous», écrit, à propos du conflit au Kurdistan syrien, le poète, essayiste et chroniqueur Nicolas Rousseau. Comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer régulièrement sur des sujets d’actualité.

25 oct. 2019, 12:00
L'offensive turque au Kurdistan syrien a entraîné des milliers de personnes à fuir la région.

Nous connaissons les effets néfastes de l’agression turque contre les Kurdes syriens: perte de la crédibilité de nos alliances, violation du droit international, résurgence de l’Etat islamique, renforcement des autocrates Erdogan et Assad, cadeau à Poutine. Cela dit, nous Occidentaux parlons moins des souffrances liées à ce conflit, obsédés que nous sommes par un éventuel retour de djihadistes chez nous.

Or, le drame qui affecte la Syrie, ce n’est pas seulement la possible évasion des militants européens de Daech, avec une libération de leurs camps qui pourrait d’ailleurs se faire sous le contrôle d’un régime turc qui a longtemps ménagé cette organisation, lui achetant son pétrole, facilitant le transit et l’hospitalisation de ses combattants. Le problème, c’est aussi que ces prisons abritent en majorité des militants originaires de la région: une fois libérés, ils iront de nouveau la martyriser!

Ils usent de la terreur, recourant parfois à des exécutions sommaires.

Plus grave encore, cette offensive est menée par des mercenaires fanatisés, pour beaucoup des anciens de Daech ou d’Al Qaïda (regardez le doigt levé de certains d’entre eux, signe de ralliement des islamistes). Selon Amnesty international, ils usent de la terreur, recourant parfois à des exécutions sommaires, à des armes non conventionnelles, cela contre des Kurdes, mais aussi contre des démocrates arabes, des Yazidis, des Arméniens (comme si ces derniers n’avaient pas déjà assez souffert par le passé).

Voilà une région qui, comme celle d’Afrin en 2018, se videra de ses habitants, puis se remplira de populations acquises à l’islamisme politique que professe Erdogan, ce proche des Frères musulmans qui menace d’écraser la tête de ses ennemis.

Mais là encore, nous en resterons d’abord à nos propres doléances: en plus de nos djihadistes, la Syrie va nous envoyer de nouveaux réfugiés et perdre ses minorités chrétiennes, la Turquie affaiblit l’Otan au profit de la Russie, les Américains s’aplatissent. Quant aux souffrances des populations meurtries, elles passeront comme d’habitude au second plan!

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