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Point de vue de Nicolas Rousseau: «Réseaux sociaux: hypocrisie tous azimuts!»

Nicolas Rousseau, poète, essayiste, chroniqueur, revient sur les émois suscités par la fermeture du compte Twitter de Donald Trump. Comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer sur des sujets d’actualité.

13 janv. 2021, 14:00
"Certains s’indignent que des milieux privés puissent ainsi exercer une sorte de censure", écrit Nicolas Rousseau.

S’émouvant des invitations à la violence qui s’y expriment, voilà que Twitter efface le compte du président Trump. Une décision qui elle-même suscite un émoi général. Belle hypocrisie.

Cela fait plusieurs années que le président américain utilise ce canal pour déverser la haine que lui inspirent ses adversaires, pour asséner les propos les plus contraires à la vérité et au respect des règles démocratiques. Sans ce moyen (qui rapporte beaucoup d’argent à ses propriétaires), il n’aurait probablement jamais pu exercer autant d’influence sur l’opinion publique! Il a fallu les tristes événements du Capitole pour que la plateforme réagisse et invoque la morale, façon aussi pour elle de se concilier les bonnes grâces du nouveau pouvoir.

Mais que réagissent de la même manière des personnalités peu suspectes d’extrémisme, voilà qui interroge!

D’un autre côté, certains s’indignent que des milieux privés puissent ainsi exercer une sorte de censure. Indignation peu étonnante de la part des populistes de tous bords, qui se sont toujours reconnus dans les attitudes provocatrices de Trump. Mais que réagissent de la même manière des personnalités peu suspectes d’extrémisme, voilà qui interroge.

N’ont-elles pas elles-mêmes souvent souligné que les réseaux sociaux simplifient le débat à l’extrême, amplifient les positions les plus radicales, ne protestent-elles pas quand ils propagent le racisme, l’islamisme ou l’antisémitisme, ne se sont-elles pas félicitées qu’ils en viennent enfin à soumettre leur utilisation à certaines règles morales?

Oui, rétorquent-elles, mais il faudrait que ces principes de régulation soient édictés par la puissance publique, ce qui leur garantirait plus d’objectivité. Le problème ici, c’est que ces protestataires vertueux appartiennent souvent à ces mêmes milieux qui, libéralisme oblige, s’empressent de dénoncer toute intervention de l’Etat dans le domaine privé, surtout en ce qui concerne le monde de la communication (et qui sont presque toujours aussi des utilisateurs de Twitter).

Bref, ici et là, beaucoup de postures, peu de volonté réelle de soustraire durablement le débat public à cette jungle d’une loi du marché favorisant toujours celui qui parle le plus fort.

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