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Point de vue de Nicolas Rousseau: «Proche-Orient: ingérences, ingérences…»

Dénoncer les ingérences de l’Iran au Proche-Orient, c’est faire fi de celles des autres, écrit, en résumé, Nicolas Rousseau, poète, essayiste et chroniqueur. Comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer régulièrement sur des sujets d’actualité.

30 sept. 2019, 12:00
Le président iranien Rohani à la tribune de l'ONU la semaine dernière.

Selon une opinion répandue en Occident, les problèmes actuels du Proche-Orient résulteraient surtout de l’intervention directe ou indirecte de l’Iran en Irak, au Liban, en Syrie, au Yémen. Sans nullement la contester, rappelons néanmoins que d’autres ingérences l’ont précédée, lesquelles l’expliquent largement.

En Irak, c’est à la suite de l’invasion américaine de 2003 que la majorité chiite a évincé l’autocrate Saddam Hussein, après d’ailleurs que les USA l’ont plusieurs fois incitée à se révolter, mais sans lui donner alors les moyens de résister. Et quand, en 2014, les combattants de l’Etat islamique descendaient sur Bagdad, ce sont des milices chiites qui les ont freinés, cela avant même toute réaction occidentale.

Au Liban, le Hezbollah est, en fait, issu de la guerre civile de 1975-1982, conflit politico-confessionnel lors duquel l’Occident a surtout soutenu les minorités chrétiennes qui jusque-là accaparaient les postes; et cette organisation ne s’est depuis renforcée qu’à la suite des fréquentes incursions israéliennes dans le sud du pays, où la majorité de la population se compose de chiites pauvres.

Voilà qui ne va pas aider à pacifier une région où certains mauvais souvenirs pèsent encore.

En Syrie, la présence des milices pro-iraniennes dès 2012 tient pour beaucoup à la confiscation de la révolte démocratique par des groupes islamistes adossés aux Qataris et aux Saoudiens, lesquels voulaient substituer une théocratie antichiite à la dictature laïque d’Assad et ainsi priver Téhéran d’un de ses seuls alliés arabes.

Au Yémen, les rebelles houthis ont toujours souffert d’une injuste répartition du pouvoir, et dans leur lutte, ils se sont maintes fois heurtés à un gouvernement central aidé militairement par Riyad, et cela avant 2015 déjà!

Ne dénoncer que les ingérences qui viennent du monde chiite, ne pas reconnaître les nôtres ou celles de nos alliés, voilà qui ne pas va aider à pacifier une région où certains mauvais souvenirs pèsent encore, surtout chez les peuples jadis opprimés, souvent prompts à se croire de nouveau en danger, et pas toujours à tort!

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