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Point de vue de Nicolas Rousseau: "Les illusions d'optique au Moyen-Orient"

Donald Trump privilégie les contacts avec l'Arabie saoudite et veut éliminer le régime en place en Iran, constate Nicolas Rousseau, poète, essayiste et chroniquer. Découvrez son point de vue: comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer régulièrement sur des sujets d’actualité.

18 mai 2018, 12:00
Donald Trump a noué des liens privilégiés avec l'Arabie saoudite et Mohammed ben Salmane.

Un pays du Moyen-Orient qui vient de déclarer qu’il pourrait se lancer dans la course à la bombe atomique, qui muselle les médias et emprisonne ses opposants voire les exécute en public, qui traite la femme comme un être inférieur, qui prêche un antisémitisme virulent, qui renforce son armement, qui s’immisce militairement dans les affaires intérieures de ses voisins, qui propage dans la région un islam radical, quitte à y soutenir des mouvements terroristes.

L’Iran? Voilà la réponse que beaucoup de gens, influencés par la propagande américaine et ses relais, pourraient donner. Mais ils devraient aussi penser à l’Arabie saoudite, qui à certains égards s’avère même plus inquiétante. Elle évolue vers une autocratie absolue, elle considère les chiites comme des schismatiques à éliminer, elle bombarde le Yémen en y causant d’innombrables pertes civiles, elle soutient au Bahreïn une tyrannie minoritaire, elle soumet le Qatar à un embargo total, elle finance en Syrie des groupes djihadistes affiliés à Al-Qaïda, elle est désormais au troisième rang mondial pour ses dépenses militaires.

Mais Trump ne va pas sanctionner une monarchie où son empire financier personnel a des intérêts, qui lui achète pour des milliards d’armes et qui permet au pétrole américain de se vendre plus cher, la concurrence perse étant neutralisée! Sa crainte et celle de son allié, ce serait plutôt une république iranienne qui continue de s’ouvrir au commerce mondial et de se réformer, qui s’éloigne de toute théocratie et de tout extrémisme religieux, qui devienne dans la région un pôle de stabilité et de développement.

Pour lui, mieux vaut se contenter des postures accommodantes de dictateurs tels que Mohammed ben Salmane ou Kim Jong-un, tout contents de dialoguer d’égal à égal avec la première puissance du monde, de monnayer de pseudo-réformes contre la pérennité de leur tyrannie, elle-même bien plus verrouillée que celle des ayatollahs!

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