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Point de vue de Nicolas Rousseau: «Kinshasa-Caracas»

«Reconnaître l’un et rejeter l’autre, c’est encore une fois montrer que les appels de l’Occident à une démocratie exemplaire ne sont pas si désintéressés!» écrit Nicolas Rousseau, poète, essayiste, chroniqueur, à propos de la République démocratique du Congo et du Venezuela. Comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer régulièrement sur des sujets d’actualité.

18 mars 2019, 12:00
Juan Guaidó, le président autoproclamé du Venezuela.

En République démocratique du Congo (RDC), élection de Félix Tshisekedi qui, selon beaucoup d’observateurs fiables, aurait volé la victoire à un autre opposant, Martin Fayulu; un résultat négocié avec l’ancien président Kabila, qu’il a encensé dans son discours d’investiture! Occident en tête, la communauté internationale s’accommode de la situation.

Au Venezuela, l’an dernier, élection également discutable de Nicolas Maduro. Mais là, les chancelleries occidentales ne l’ont pas reconnue et soutiennent maintenant un opposant, Juan Guaidó, qui s’est autoproclamé président.

Voilà une des illustrations du discours ambigu des Occidentaux sur la nécessité de respecter la démocratie et les résultats d’élections. Une ambiguïté qui tient à la défense de leurs intérêts.

En RDC, pays riche en matières premières, mieux vaut un président qui agira dans la continuité (la majorité du Parlement reste d’ailleurs contrôlée par Kabila), qui donc contestera peu l’exploitation du pays par des sociétés internationales. Au Venezuela, pays qui dispose des plus grandes réserves mondiales de pétrole, mais qui importe tous ses biens de première nécessité, plutôt appuyer un président qui contrera la Russie et la Chine et favorisera les puissants groupes nord-américains.

Que l’on s’entende bien; certainement que le Venezuela vivrait mieux sous Guaido que sous la dictature de Maduro! Et pas sûr que Fayulu aurait mieux redistribué les richesses que ses prédécesseurs! Mais reconnaître l’un et rejeter l’autre, c’est encore une fois montrer que les appels de l’Occident à une démocratie exemplaire ne sont pas si désintéressés!

Voyez le président Macron sommer Maduro d’annoncer vite des élections libres! Adresse-t-il la même demande à l’autocrate égyptien Sissi, qu’il a rencontré récemment, réélu en 2018 avec 97% des voix, ou au chef de la monarchie héréditaire saoudienne, tous deux parmi les meilleurs clients de l’armement français? Que dire aussi de sa discrétion sur l’Algérie, où voulait se représenter un président paralysé et où le système électoral reste encore aussi verrouillé qu’au Venezuela?

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