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Point de vue de Nicolas Rousseau: «Erdogan, un équilibriste en sursis»

«C’est d’abord son propre peuple qui épongera la facture», écrit, à propos du président turc Erdogan, Nicolas Rousseau, poète, essayiste et chroniqueur. Comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer régulièrement sur des sujets d’actualité.

08 janv. 2019, 12:01
Le président turc Racip Erdogan multiplie les discours contradictoires.

D’un côté, voilà notre homme qui menace les Russes en allant jusqu’à leur abattre un avion, de l’autre il s’entend avec eux sur un oléoduc et sur une trêve en Syrie. Un jour, il accuse les Américains de pactiser avec ses ennemis, le lendemain il négocie avec eux leur retrait de Syrie et son offensive contre les Kurdes.

Il critique constamment les Etats qui répriment par la force leurs opposants, mais lui-même agit de façon brutale contre tous ceux qui le contestent. Il accuse l’Union européenne de le rejeter, alors qu’elle lui verse des sommes énormes pour qu’il empêche les réfugiés de la rejoindre. Même s’il dit considérer les militants de l’Etat islamique comme des terroristes, il a longtemps facilité leur passage à travers sa frontière et il soutient même d’autres groupes de la même idéologie.

Mais à force de vouloir ainsi jouer sur tous les tableaux, l’équilibriste Erdogan ne risque-t-il pas un jour de trébucher? Les Russes et les Américains pourraient finir par se lasser d’un partenaire qui oscille constamment dans ses alliances et qui, sous couvert de lutte contre le terrorisme, cherche surtout à réprimer les Kurdes. Les Européens pourraient ne plus supporter longtemps son chantage aux réfugiés et clairement dénoncer son régime liberticide. Quant aux islamistes de tous bords, ils ne devraient pas apprécier durablement ce nouveau sultan qui n’aspire qu’à ramener tous les peuples arabes sous l’autorité d’un nouvel Empire ottoman.

A moins qu’une fois de plus, et faute de réactions internationales fortes, notre sultan continue de penser que seule la duplicité paie! Tiens, il n’évoque plus les responsabilités des dirigeants saoudiens dans la mort du journaliste Khashoggi, maintenant qu’il fraie avec Trump, l’allié indéfectible de Ben Salmane… Attentats et nouveaux conflits régionaux, exactions et problèmes économiques, dans tous les cas, c’est d’abord son propre peuple qui épongera la facture de ces errements!

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