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Point de vue de Nicolas Rousseau: «Capitulations en rase campagne»

«Punir le blasphémateur, c’est reconnaître à son action plus d’importance qu’elle n’en a!», écrit Nicolas Rousseau, poète, essayiste, chroniqueur. Comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer sur des sujets d’actualité.

26 nov. 2020, 12:00
«Charlie Hebdo» et le droit de blasphémer: un débat ravivé.

Ainsi, comme d’autres beaux esprits, le premier ministre canadien Trudeau estime que la France abuse de la liberté de caricaturer! Et Ségolène Royal lui emboîte le pas, cette ancienne candidate à la présidentielle française qui avait pourtant défendu ce droit après l’assassinat des journalistes de «Charlie Hebdo»!

La pratique anglo-saxonne que le Canadien revendique? Même si elle exclut le blasphème de la très large liberté d’expression qu’elle tolère par ailleurs, même si elle encourage le communautarisme, elle n’a pas davantage empêché les attentats islamistes que le modèle français.

Il en va ici non pas d’une particularité française, mais d’un droit universel.

Quant à ce modèle justement, il reste encadré. Plusieurs fois traînés devant les tribunaux, les caricaturistes de Charlie ont toujours été acquittés. Qui a notamment témoigné en leur faveur? François Hollande, le compagnon d’alors de Madame Royal, qui a souligné que personne n’est obligé d’acheter ce journal et encore moins d’apprécier ses dessins, pas plus que l’on ne force quiconque à lire les obscénités de Sade ou les délires antisémites de Céline. Et il en va ici non pas d’une particularité française, mais d’un droit universel.

Vouloir limiter la liberté d’expression sous prétexte qu’elle peut choquer, c’est évidemment dommageable pour nos créateurs. Mais ça l’est encore davantage pour les populations du monde vivant sous un régime politico-religieux oppressif. Plus grave, c’est leur témoigner là une certaine condescendance; nous laissons penser qu’elles n’ont pas assez de jugeote pour comprendre qu’une caricature ne constitue qu’une œuvre humaine très imparfaite, que la valeur des prophètes s’avère beaucoup trop importante pour pouvoir être atteinte par de simples dessins, si irrespectueux soient-ils, comme vient lui-même de le dire le secrétaire de la Ligue islamique mondiale.

Capituler sur ce droit, ce serait non seulement céder à la force, mais aussi justifier d’avance toutes les autres atteintes aux libertés fondamentales, chez nous comme ailleurs. Les crimes commis au nom d’une religion: voilà d’abord les vrais blasphèmes à dénoncer!

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