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Point de vue de Nicolas Rousseau: «Bascule islamiste au Sahel»

«Certains commentateurs affirment eux que la force ne réglera rien, que les interventions occidentales frisent le néocolonialisme, que cette bascule du Sahel ne concerne pas l’Europe.» Découvrez le point de vue de Nicolas Rousseau, poète, essayiste et chroniqueur. Comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer régulièrement sur des sujets d’actualité.

02 sept. 2020, 14:00
"A bas bruit mais inexorablement, les islamistes s’implantent au Sahel", écrit Nicolas Rousseau. Ici un checkpoint au Burkina Faso.


Rapt de religieux au Burkina, assassinat d’humanitaires au Niger, massacre de villageois maliens, occupation d’une ville au Nigeria, à bas bruit mais inexorablement, les islamistes s’implantent au Sahel, visant la création d’un califat semblable à celui qui a sévi en Syrie et en Iraq.

Dénoncer l’islamisme, cela froisserait nos obsédés de l’islamophobie comme nos alliés intégristes du Golfe, qui nous achètent tant d’armes!

En Occident, beaucoup se voilent la face, parlant de troubles liés à la mauvaise gouvernance, à des conflits ethniques, au banditisme. Dénoncer l’islamisme, cela froisserait nos obsédés de l’islamophobie comme nos alliés intégristes du Golfe, qui nous achètent tant d’armes!

Certains commentateurs affirment eux que la force ne réglera rien, que les interventions occidentales frisent le néocolonialisme, que cette bascule du Sahel ne concerne pas l’Europe. Mais si cette région succombe au salafisme, ils n’auront que leurs yeux pour pleurer! Que de massacres en vue! Sans parler du grand exode prévisible des habitants menacés, que nous devrons considérer comme de vrais réfugiés politiques!

Et ce pourrissement de certaines situations qui profite aux islamistes, nous les Occidentaux en portons aussi une responsabilité. Nous avons imposé des coupes budgétaires à des Etats déjà pauvres en moyens sécuritaires. Nous dénonçons les putschs comme celui qui a récemment secoué le Mali, mais nous soutenons des dirigeants qui, en Côte d’Ivoire ou en Guinée Conakry, s’accrochent au pouvoir au mépris de leur constitution.

Nier l’islamisme, lui laisser le champ libre ou en ignorer les vraies causes, autant d’attitudes que les Africains pourraient bientôt nous reprocher: nous qui avons participé à la traite de leurs ancêtres, luttons au moins contre le nouvel esclavagisme qui les menace!

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